Jeudi 16 février de 14h à 16h – Public désigné
L’éternel conflit entre science et croyance
Pourquoi les savoirs sont-ils en conflit depuis des siècles avec les modes de croyance ? En revenant aux définitions fondamentales des sciences et en examinant leur fonctionnement dans l’histoire, on peut dégager des critères qui les opposent régulièrement à la foi religieuse et aux croyances plus ou moins superstitieuses, et des éléments qui en ébauchent leur conciliation.
Ce paradoxe, quel que soit le contexte, est en permanence revisité par des penseurs athées ou religieux, et de toutes confessions, qui essaient de décrire la réalité du monde. Cependant le nouvel univers héliocentrique de Copernic à la Renaissance, même s’il met deux siècles pour être validé par l’ensemble des savants, marque un virage considérable dans l’évolution des rapports entre science et croyance. Il se distancie en effet de la représentation géocentrique et anthropocentrique de la Bible, précipitant les débuts de l’athéisme, et de la déchristianisation progressive de la société occidentale. Les mathématiques et leur application physique tendent depuis régulièrement à prouver un univers hors des lois fondées sur la croyance.
Et pourtant on constate que l’éternel conflit entre science et croyance ne faiblit pas dans l’époque moderne : alors que les sciences progressent dans l’explication du monde, les croyances trouvent un nouveau souffle en ce début de XXIème siècle, à travers un renouveau des religions et une recrudescence des superstitions les plus traditionnelles.
Comment alors comprendre cette persistance des croyances en dépit du progrès scientifique ? Peut-on penser finalement que les croyances peuvent-être aussi un mode privilégié de connaissance du monde ?
Alexandra Willaume- Albertini
Professeur à l’université de Corse, Drocteur en littérature française et comparée,Co-responsable séminaire insularité- publication Fert’îles
UMR CNRS 62 40 LISA-Université de Corse
Jeudi 16 mars à 17h : conférence élèves et ” tout public”
Des fleurs attrape- nigauds. Les aracées de Corse: des expertes.
La pollinisation est en général une interaction mutualiste où la plante assure sa production de graines et où les insectes pollinisateurs obtiennent la ressource recherchée (nectar, pollen, …). Mais certaines espèces végétales ont développé des stratégies de pollinisation qui leurrent les pollinisateurs en signalant la présence d’une ressource qui n’existe pas. L’insecte pollinisateur visite alors la fleur cherchant une ressource inexistante et de ce fait pollinise la fleur. On parle alors de pollinisation par duperie. Les Aracées de Corse sont « expertes » dans l’attraction de tels insectes pollinisateurs « nigauds »… et usent de stratégies retorses associant odeurs florales nauséabondes et production de chaleur pour arriver à leur fin.
Marc Gibernau , est chargé de recherches au CNRS, UMR CNRS-Université de Corse 6134 ,Sciences pour l’Environnement, au sein du projet ressources naturelles.
Jeudi 23 mars 14h-16h. Public désigné
L’homme et la nature dans le Criticon de Baltasar Graciàn (1651-1657)
La littérature allégorique du Moyen âge, renouvelée en profondeur par l’aristotélisme de la Renaissance, trouve un aboutissement inattendu dans l’œuvre controversée du jésuite espagnol Baltasar Graciàn, qui mêle rhétorique, poétique, politique, philosophie morale et philosophie naturelle en une exceptionnelle synthèse des sciences et des arts dont il nous est d’autant plus difficile de comprendre les enjeux que ce théoricien du “baroque” se joue des malentendus et des contradictions. Sa dernière œuvre, El Criticon, dont il prévient que le titre est fait pour “provoquer des grimaces”, est un roman allégorique qui retrace l’histoire de l’évolution de l’homme depuis les origines, et promène ses héros à travers un espace géographique mondialisé (de Goa et Sainte-Hélène à la Rome baroque en passant par l’Europe des voyageurs, des artistes et des collectionneurs) sur fond de rivalités impérialistes et de guerres de religion. Sous une apparence très conventionnelle et qui aura une longue postérité, les deux personnages principaux représentent l’homme sauvage des origines (Andrenio) et l’honnête homme perfectionné par la culture (Critilo), dont la rencontre sur une île déserte scelle une amitié spontanée dont la constance est le signe d’une triple évolution : génétique, intellectuelle et morale. Mais les leçons de cette somme de savoirs et de doutes sont loin d’être aussi conventionnelles qu’il y paraît, car la casuistique jésuite et les équivoques du langage perturbent sans cesse l’apparente linéarité d’un parcours qui est d’abord un discours, comme l’auteur le souligne d’emblée dans son avertissement au lecteur avec lequel il instaure un dialogue qui a pour fin de le désabuser des illusions du monde pour le conduire à mieux voir, c’est-à-dire apprendre à connaître et à discerner les rapports entre des “personnes”, des “choses”, des lieux, des pensées et des actes.
Françoise Graziani est
Professeur en littérature comparée à l’Université de Corse (UMR CNRS 6240 LISA )
Responsable de l’axe “Circulations des littératures, des langues et idées” et de la Chaire Esprit Méditerranéen-Paul ValéryFondatrice et co-directrice du réseau international Polymnia (Recherches sur la tradition mythographique de l’Antiquité à la Renaissance) et de la collection Mythographes qui lui est associée (Presses du Septentrion)Directrice de la collection Estru Mediterraniu (Albiana/Université de Corse)
Auteur de nombreuses publications sur la pensée humaniste, la poétique et l’herméneutique aristotélicienne, la correspondance des arts et des sciences dans l’Europe baroque et les relations entre mythe, littérature et philosophie de l’Antiquité au XVIIe siècle.
Directrice de recherches interdisciplinaires en histoire des idées, histoire des sciences, interculturalité, relation entre les arts, interaction entre traditions savantes et populaires, traduction.
Lundi 9 avril 2017
Jean Michel Besnier donnera 2 conférences
- 14 h :Conférence Public Désigné
- 18h30 : conférence Tout public
Jean-Michel Besnier est agrégé de philosophie et docteur en sciences politiques. Il est professeur de philosophie à l’université de Paris IV – Sorbonne (chaire de Philosophie des technologies d’information et de communication) et dirige le DESS ” Conseil éditorial et gestion des connaissances numérisées ” dans cette même université . Depuis 1989, il appartient au Centre de recherche en épistémologie appliquée (CREA), laboratoire du CNRS et de l’Ecole Polytechnique axé sur les sciences cognitives. Il est actuellement membre du Comité scientifique de la Cité des Sciences et de l’Industrie de La Villette, du Comité d’experts scientifiques de l’ANVIE (Association nationale pour la valorisation interdisciplinaire de la recherche en sciences de l’homme et de la société auprès des entreprises), du COMEPRA (Comité d’éthique et de précaution de l’INRA), et du CSRT (Conseil supérieur de la recherche et de la technologie). Il est par ailleurs rédacteur-en-chef adjoint de la Revue Hermès (dirigée par Dominique Wolton) et chroniqueur au magazine Sciences et Avenir Hors-Série.
Jean-Michel Besnier a été membre de la Commission ” Sciences et sociétés ” de l’UNESCO, de la commission ” Littérature scientifique et technique ” du Centre national du livre, membre du Conseil scientifique de la Cité des sciences et de l’industrie de la Villette (quand ? ), ila, de 1990 à 1997, créé et dirigé un cursus intitulé ” Humanisme et Modernité ” à l’Ecole Centrale de Paris de 1997 à 2000,dirigé le département de sciences humaines de l’Université de technologie de Compiègne.
Il a créé et dirigé la collection ” Sciences Cognitives ” aux éditions La Découverte en 1990, puis la collection ” Optiques Philosophie ” aux éditions Hatier en 1995. Par ailleurs, il a appartenu au comité de rédaction de la revue Esprit de 1989 à 1996 et il a collaboré à L’Express pendant plusieurs années. De 1996 à 2000, il a de manière permanente collaboré aux émissions Le Banquet puis Philambule, diffusées sur France-Culture. Il a publié plus de 130 articles dans diverses revues, ainsi que de nombreux ouvrages.
D’autres conférences sont à venir ….