« Le ciel fait rêver et à toujours fait rêver les hommes.  Symbole de toutes les féeries, de toutes les espérances, de tous les dépaysements et de tous les rêves, ses points scintillants dans les belles nuits terrestres n'ont cessé d'interroger la science sur leur distance, leur nature ou leur destin. »
le trésor des sciences


Promenades scientifiques d'un astrophysicien


Dans cette belle Méditerranée, il y a vingt-cinq siècles, en Grèce, un homme qui s’appelait Anaxagore de Clazomènes – un nom bien grec – fut banni de la cité d’Athènes et envoyé en exil, parce que les autorités de la ville lui reprochaient de passer son temps à regarder le ciel, et donc de perdre son temps. En bon citoyen, au lieu de s’intéresser au mouvement des astres, au Soleil et aux éclipses, il aurait du, selon ces autorités, faire autre chose.
Vingt-cinq siècles après, l’histoire se souvient d’Anaxagore de Clazomènes, mais a oublié ceux qui l’ont banni. Cette petite histoire ouvre mon exposé, qui va porter sur la science, et sur la science que j’ai pratiquée, l’astrophysique. Je voudrais vous faire partager ce qu’est la science. De quoi s’agit-il ? Comment se fait-il que depuis que le monde est monde, depuis les Grecs et tout particulièrement dans ce berceau de la Méditerranée avec l’Egypte, Babylone, les Grecs, la Renaissance, Cordoue, la science médiévale arabe… puis le développement européen, plus récent au 19ème, 20ème siècle… comment se fait-il que ce creuset de la Méditerranée, au cœur duquel se trouve votre si belle île, ait été le creuset de la naissance, puis du développement, et quel extraordinaire développement ! de la science jusqu’à nos jours?
Je ne répondrai pas précisément à cette question dans notre temps trop bref, mais je voudrais vous emmener dans une courte promenade. Vous y trouverez, bien sûr, des échos de la science que vous rencontrez au lycée, que vous avez rencontrée dans vos cours de maths, de physique, de chimie, de sciences naturelles mais aussi dans vos cours de philosophie puisque vous êtes en terminale… parce que la science, c’est une partie centrale de la culture, de la réflexion que l’homme conduit en permanence sur sa façon de regarder le monde. Nous sommes, ce matin 3 octobre, au tout début d’une éclipse, il est 9h15 et le disque de la Lune commence à passer devant celui du Soleil, vu de notre Terre. Lorsque nous sortirons, nous nous approcherons du maximum de l’éclipse – ici c’est à peu près 80% du disque solaire qui va être recouvert par la Lune tandis que non loin d’ici, en Espagne, à Madrid, c’est pratiquement 100%, un tout petit peu moins puisque l’éclipse est ce qu’on appelle annulaire, c’est-à-dire qu’il reste un très fin anneau de lumière sur le bord du Soleil, le diamètre apparent de la Lune étant aujourd’hui légèrement inférieur à celui du Soleil. Vous savez que la distance de la Terre au Soleil varie un petit peu au cours de l’année, puisque la Terre décrit une ellipse autour du Soleil et non pas rigoureusement un cercle. De même, la Lune décrit également une ellipse autour de la Terre, donc à la fois la distance de la Terre au Soleil et la distance de la Terre à la Lune varient légèrement de mois en mois. Il en résulte que l’angle sous lequel nous voyons la Lune et celui sous lequel nous voyons le Soleil varient très légèrement. Cette petite variation fait que certaines éclipses sont totales –la totalité du disque solaire est cachée –, et d’autres sont presque totales, on les appelle annulaires, à cause de ce fin anneau brillant. Le spectacle est magnifique et j’espère pour nos amis espagnols qu’il fait beau à Madrid aujourd’hui.
Alors, imaginez vous dans la Méditerranée, il y a trente ou quarante siècles. Puis tout d’un coup, en milieu de journée, qu’il fasse un ciel couvert ou découvert, la lumière disparaît. Événement que, peut-être, personne n’a jamais vu, que personne n’a jamais raconté et qui est à proprement parler effrayant. Cette lumière qui disparaît, qu’est-il arrivé au Soleil ? Combien de temps ce phénomène va-t-il durer ? Après quelques minutes, la lumière revient mais qui garantit qu’elle reviendra encore demain matin, l’année prochaine ? Qu’est ce que c’est que ce phénomène ? Vous pouvez aisément imaginer les craintes , mais aussi la curiosité, de nos ancêtres.Il n’est pas surprenant qu’ils aient construit, pour tenter de calmer leurs frayeurs, des débuts d’explication, fort peu scientifiques comme la lune est un dragon qui mange le soleil . On en comprend aussi la puérilité et le caractère peu convaincant.
La science est née de ces craintes, mais surtout de cette curiosité. Elle est née de la volonté des hommes de trouver des explications à ces phénomènes de la nature – j’ai pris l’éclipse parce que c’est un des phénomènes les plus extraordinaires que la nature nous offre et puis, l’actualité m’y invite – mais il y en a mille autres. Pensez à l’arc-en-ciel, pensez à la couleur des couchers de soleil, pensez au chatoiement des ailes de papillon… La science ne cesse – le monde, devrais-je dire avant la science –, le monde ne cesse de nous offrir des spectacles qui déroutent, intriguent, questionnent, sans parler de la mort d’une plante, la mort d’un animal, la cessation de la vie d’un être humain ou, de façon plus optimiste, de l’apparition de la vie, de la naissance d’un enfant.
Tous ces phénomènes de la nature nous interrogent. Et la science naît d’une volonté de les comprendre, c’est-à-dire de mettre en oeuvre ce que nous appelons la raison. Comprendre, c’est exercer son intelligence et sa raison. Et, du temps d’Anaxagore, il y avait un débat entre philosophes pour savoir comment s’intéresser au monde : vous aviez ceux qui, tel Socrate, plaidaient pour l’usage de la raison. Il faut comprendre, la raison est puissante si l’on sait s’en servir, donc elle est capable de décoder progressivement les phénomènes que la nature nous propose. Et puis vous aviez une autre tendance philosophique, qui était de dire : c’est la persuasion qui compte. On appelait sophistes ces philosophes-là. C’est la persuasion qui compte : ce serait celui qui parle le mieux, qui discourt le mieux qui, le cas échéant emploie la force pour imposer son point de vue, ce serait celui-là qui emporterait finalement le débat.
Avec les idéologies du nazisme, avec les idéologies totalitaires qui ne sont malheureusement pas terminées aujourd’hui, le 20ème siècle nous a offert des exemples de cette version dramatique des sophistes qui, à l’époque n’étaient pas allés à de tels excès, ni à habiller la force en raison supérieure (comme le dit la maxime du fabuliste).
Nous possédons au moins un domaine, celui de la science, où ce n’est jamais la force qui gagne. Ce n’est pas parce que le discours est le plus brillant, ce n’est pas parce qu’un vote a donné une majorité que la preuve est acquise. Celui qui a raison est celui auquel les phénomènes de la nature donnent raison. Ainsi des éclipses. À Babylone, les astronomes étaient très nombreux et employés à analyser tous les mouvements du ciel avec naturellement des préoccupations astrologiques, les mêmes pratiques existaient en Chine avec des astronomes placés auprès de l’empereur pour suivre attentivement les phénomènes célestes. Mais quelles que soient les interprétations astrologiques qu’ils tentaient de donner à l’époque, à la régularité de certains phénomènes, aux apparitions de comètes supposées annoncer des évènements tragiques, l’important est qu’ils notaient attentivement tous les phénomènes. Et notant ainsi les éclipses, ils ont observé que celles-ci se reproduisaient régulièrement sur des cycles d’une durée de 18 ans qui ramenaient, régulièrement dans une même région de la Terre, une éclipse. Donc vous voyez que c’est un début de la science. On ne peut pas dire que c’était une science explicative, en ce sens qu’on ne comprenait pas pourquoi existait cette régularité.
Mais de même que la régularité des phases de la Lune est à l’origine du calendrier, comme la régularité de l’alternance du jour et de la nuit ou celle des saisons, ces régularités de la nature sont la première observation de la science. Je devrais d’ailleurs dire la seconde car la première consiste à donner un nom aux phénomènes. Voyez, le Soleil s’obscurcit, j’appelle cela éclipse et ainsi, j’ai construit un mot, une idée partageable, dont je vais pouvoir faire usage dans la discussion, dans l’échange, dans la correspondance… Je vais pouvoir écrire à Babylone sur une tablette, en caractère cunéiforme, qu’il s’est produit un phénomène que j’appelle éclipse. La science naît d’abord de notre capacité à nommer des phénomènes et à les distinguer ainsi des autres, parmi cette multitude de phénomènes qui assiègent nos sens.
La science veut faire valoir la raison sur la persuasion. Naturellement quand on pense qu’on a raison, on essaye de trouver des arguments pour le démontrer. Mais ces arguments même doivent être fondés et ils peuvent être démolis dans une discussion. C’est ainsi que progressivement s’est imposée l’idée, du temps des Grecs, que les éclipses correspondaient au passage de la Lune devant le Soleil pour une éclipse de Soleil, comme ce matin, et de la Terre entre le Soleil et la Lune pour une éclipse de Lune.
Voilà une très belle éclipse. C’est l’éclipse du 11 août 1999 : vous voyez l’utilisation moderne que les astronomes font des éclipses, à ce moment où le disque de la Lune cache presque intégralement le disque solaire, car on voit alors sur le bord une très mince ligne de lumière, qui est émise par l’atmosphère du Soleil. Comme la Terre, le Soleil a une atmosphère, la différence étant simplement que ses couches gazeuses supérieures, peu denses, surmontent des couches également gazeuses mais beaucoup plus denses qui forment le bord du disque tel que nous le voyons à l’œil nu. La Terre a une transition entre un sol rocheux et une atmosphère gazeuse. Alors que le Soleil est intégralement gazeux. Néanmoins quand on regarde le disque du soleil, on voit bien qu’il y a une transition entre ce que nous pouvons définir comme “l’intérieur du disque” et puis “l’extérieur du disque”. Voici à quoi servaient les éclipses pour les astronomes jusqu’à ce qu’on puisse aller dans l’espace extra-terrestre et produire à volonté des éclipses artificielles en masquant simplement le disque du Soleil. Les éclipses, naturelles ou ainsi provoquées, servent à étudier l’environnement du Soleil, ses très belles structures, en forme de plumes qui s’éloignent, qui s’échappent à grande distance. Ces structures signent la présence de matière éjectée par la surface du Soleil, et qui d’ailleurs finit par atteindre la Terre. Ce sont ces bombardements d’électrons, canalisés par le champ magnétique de la Terre, qui produisent, principalement dans les régions polaires, les magnifiques aurores boréales et australes que l’on voit sous ces latitudes.
Donc l’étude du Soleil a beaucoup bénéficié de l’observation des éclipses et pendant les trois derniers siècles, on a monté ainsi des expéditions pour aller observer à l’endroit où une éclipse était prévue.
Je vais vous dire quelques mots d’une expédition d’éclipse à laquelle j’ai eu la chance de participer. Vous avez sous les yeux une carte.


Vous reconnaissez l’hémisphère nord de la Terre, voyez la France, à peu près au centre, et vous voyez les traces sur le sol terrestre de chacune des éclipses de notre époque et en particulier, celle de 1973 : c’est la grande trace qui coupe l’Afrique, à peu près à la hauteur de la Mauritanie, éclipse que j’ai pu observer d’une façon assez particulière.
Vous remarquez que la longueur des traces n’est pas très grande. Sur cette carte n’est pas reportée l’éclipse d’aujourd’hui… parce que la carte est arrêté à l’an 2000, mais naturellement on continue à produire de telles cartes. Elles soulignent à vos yeux une des caractéristiques de la science, sa capacité de prévision. Mais la science ne prévoit pas à la manière des astrologues ou des cartomanciennes. Elle prévoit à partir de l’usage de la raison, s’appliquant à la compréhension d’un phénomène, progressivement élaborée. Compréhension – je l’ai souligné – qui peut être née il y a très longtemps, à partir de simples observations de régularités, mais qui aujourd’hui est construite avec une grande précision sur notre capacité de calculer les mouvements des corps célestes. S’il fallait, d’ailleurs, donner un autre exemple, au delà de la prévision des éclipses, de notre capacité de calcul des mouvements célestes, le fait d’avoir posé sur le petit satellite de Saturne qui s’appelle Titan, au mois de janvier 2005, à quelques kilomètres de l’endroit prévu, une sonde dont vous vous souvenez, la sonde Huygens, est une performance absolument prodigieuse qui démontre la capacité de prévision des mouvements dans l’espace sur de longues durées – ici plusieurs années. Eh bien ! cette précision – de tir si l’on peut dire – obtenue en jouant sur les attractions gravitationnelles de la Terre, du Soleil, des planètes – de Saturne en l’occurrence - est obtenue par notre très bonne connaissance des mouvements, des forces dans le système solaire, une connaissance que n’avaient évidemment ni les Babyloniens ni notre ami Anaxagore de Clazomènes.
Cette capacité de prévision s’appuie sur des outils qui ont été progressivement vérifiés, mis au point. Une science qui serait incapable de prédire quoi que ce soit ne serait pas une science.
En 1973, la bande d’éclipse n’est pas très large, puisque l’ombre de la Lune à la surface de la Terre est une ombre très étroite. Elle fait à peu près 300 km de large, elle croise la surface de l’Afrique et la croise à une grande vitesse. À l’instant même, l’ombre de la Lune se déplace sur la Terre, le centre de cette ombre se situe quelque part sur l’océan Atlantique. L’ombre se déplace en général de l’ouest vers l’est, à cause du mouvement relatif de la Lune et du Soleil, à environ 2200 km/h. À une vitesse de mach 2,3 pour parler en termes aéronautiques. Et donc elle est en train d’approcher les côtes de l’Espagne et à 11h et quart – puisque c’est le moment où nous serons au centre de l’ombre –, elle croisera la Méditerranée et passera au dessus de nos têtes à toute vitesse, comme l’ombre d’un avion ou celle d’un oiseau qui vole entre le Soleil et nous et que l’on voit défiler sur le sol. C’est donc ce qui s’est passé en 1973 : les astronomes voudraient faire durer aussi longtemps que possible le temps de l’éclipse pour pouvoir faire des photographies comme celle-ci. Si l’ombre passe très vite et que l’on veut que cela dure, il y a qu’un moyen, c’est de se déplacer à la vitesse de l’ombre. C’est ce que nous avions fait en 1973. Mais pour se déplacer à Mach 2,2, c’est une vitesse supersonique , il nous fallait un avion supersonique et par chance, nous avions le prototype du Concorde 001, en fin d’essais : nous l’avons aménagé pour observer l’éclipse et pour faire des observations variées, des photographies, par exemple comme celle-là, mais non plus pendant les deux ou trois minutes que dure normalement -dans le meilleur des cas 6 minutes- la totalité d’une éclipse, mais pendant 74 minutes, plus de 10 fois plus longtemps ! L’observation s’est faite à 15.000 mètres d’altitude, sans nuages évidemment, pendant plus longtemps que pratiquement aucun homme vivant n’aurait pu le faire en accumulant des voyages et des expéditions à la surface de la Terre. Cette belle aventure s’est heureusement terminée par un atterrissage, à mi-longueur de la bande d’ombre, au centre de l’Afrique, dans la ville qui s’appelle aujourd’hui N’Djamena et qui est la capitale du Tchad.
Je reviens à ma question initiale : À quoi sert donc la science ? Peut-être, pour certains d’entre vous, la réponse est : à rien – et évidemment, je respecte une telle réponse, même si j’ai du mal à la comprendre –. Pour d’autres à rêver, à voir des images merveilleuses comme celles que j’ai montrées ou que je vais montrer. À rêver devant ces découvertes que la science moderne nous propose à la télévision. Et c’est déjà très bien de rêver. Pour d’autres encore, la science permet de réaliser des objets techniques. C’est parce qu’on comprend l’électricité que nous avons de la lumière, la structure intime de la matière, que nous fabriquons cette lumière avec de l’énergie nucléaire, … que nous avons des appareils photographiques numériques, et tant d’autres objets de la technologie contemporaine. Donc la science c’est intéressant parce que c’est utile. C’est encore une autre réponse. Mais ici, je vous propose une réponse qui englobe les deux dernières, bien sûr, qui comprend l’admiration, qui comprend l’utilité et le service à l’humanité. Mais qui comprend aussi autre chose: le bonheur de savoir que le monde n’est pas inintelligible.
Le grand physicien Albert Einstein qui est mort en1952 et dont nous célébrons en 2005, avec l’Année mondiale de la physique, les trois publications de 1905 - voyez, il y a juste un siècle - qui ont été une révolution totale dans notre façon de regarder le monde. Le grand physicien Albert Einstein disait : le plus incompréhensible, c’est que le monde soit compréhensible. Ce fait qu’avec notre modeste intelligence, nos quatorze cent centimètres cubes de matière cérébrale, nous soyons capables, par exemple, de prévoir une éclipse.
Donc la science, c’est d’abord cette volonté de comprendre, et cette compréhension qui en découle. Volonté dont j’ai dit qu’elle était enracinée, très profondément et historiquement, dans le désir de lutter contre la crainte, la peur irraisonnée, mais plus encore dans la curiosité. Et puis, la science, c’est aussi agir sur le monde. Une fois qu’on a compris, on devient capable de prévoir.
On devient capable de comprendre le fonctionnement d’objets techniques, de concevoir des objets techniques nouveaux et de les mettre à notre service pour répondre à un besoin. La science nous permet ainsi de prendre pouvoir sur le monde. Rappelez vous, à nouveau non loin d’ici, dans ce berceau de la Méditerranée, le propos d’Archimède à Syracuse : sur la côte est de la Sicile, au 3ème siècle, avant notre ère. Archimède disant cette phrase extraordinaire, parfaitement correcte et qui pourtant pourrait paraître d’un fol orgueil: « Donnez moi un levier et je soulèverai le monde », parce qu’il avait compris le principe du levier. Avec une petite force, appliquée sur un levier au bon endroit, c’est-à-dire assez loin du point d’application, on obtient ce que l’on appelle, en langue courante, un effet de levier. Avec une petite force d’homme, on peut soulever le monde !
Donc comprendre le monde et de cette compréhension, acquérir un pouvoir sur lui. Voilà les deux grands objectifs de la science. On appelle souvent le premier, la démarche scientifique et on appelle souvent le second la technologie ou la technique, c’est à dire l’utilisation des principes de la science pour fabriquer, pour répondre à un besoin. Dans la première démarche, la science construit des représentations du monde. Voyez, la représentation de l’éclipse, par exemple, est une représentation qui est construite On imagine ainsi que le Soleil est un objet qui a une certaine taille physique, car quand nous le voyons dans le ciel, il peut être petit et proche, ou immense et extrêmement lointain avec néanmoins la même apparence à nos yeux. On imagine encore que la Lune est un autre objet qui a une certaine taille et se trouve à une autre distance. Et puis que l’un et l‘autre sont en mouvement. On peut d’ailleurs ne pas savoir quelle est l’origine de ce mouvement au départ. Et on va ainsi se représenter le monde.
La science est une représentation du monde. Et dans le mot représentation se trouve l’évocation du théâtre. La science se passe sur une grande scène sur laquelle se joue le monde pour ceux qui la pratiquent, ceux qui l’écoutent, ceux qui tentent de la fréquenter. Et cette représentation va être naturellement datée. Et elle est construite dans notre tête. Elle est un produit de notre culture. Voyez, là, il y a une autre chose qui est intéressante à regarder d’un peu près, c’est que le monde nous est donné. On peut mourir, disparaître, les choses seront toujours là.
Néanmoins, ces représentations du monde, nous les construisons dans nos têtes. Dans le langage qui est un outil d’échange, entre les hommes, entre les scientifiques mais aussi entre vous et moi, aujourd’hui. Et ces représentations peuvent changer avec le temps. Donc, elles sont en quelque sorte des approximations. Quand, sur scène, on joue une pièce de Musset, Musset essaye de dire, de traduire des sentiments….Marivaux dans « on ne badine pas avec l’amour » propose une vision des sentiments. Naturellement ce n’est qu’une représentation des sentiments. Elle nous touche parce que nous la partageons. Néanmoins, elle ne dit pas le tout de la réalité des sentiments. Le propos de la science est le même en un sens, avec des nuances - puisqu’elle utilise, non pas l’émotion mais d’abord la raison - : à savoir de proposer une lecture qui, toute fragile, toute provisoire qu’elle soit, est néanmoins une lecture qui fait sens.
Alors, arrêtons nous une seconde pour nous étonner de que peut ce petit cerveau dont vous avez ici une image en imagerie par résonance magnétique (IRM). Ce petit cerveau humain capable de penser le monde. De penser les galaxies lointaines, de penser le mouvement des astres, de penser le passé de l’univers. Que tout ceci puisse se construire dans notre cerveau, peu à peu. C’est une construction qui est un long échafaudage, élaboré par des générations. Mais tout de même, c’est là que cela se passe. Et peut-être, puisque je projette une image du cerveau, étonnons nous encore davantage que ce cerveau puisse se penser lui même. Qu’il puisse construire à l’intérieur de son propre fonctionnement une image de lui-même, une image de ce qui se passe dans ses mécanismes extrêmement complexes qui s'y déroulent- dont nous n’avons aujourd’hui qu’une très faible idée encore – . Je vous dis quand même ce qu’est cette image :


Cliché du à l'obligeance de Ghislaine Dehaene-Lambertz,INSERM
c’est le cerveau d’un enfant tout à fait normal de 3 mois et il est en train d’entendre sa maman parler dans sa langue maternelle. Quand cet enfant entend, il y a une région de son cerveau qui s’active. Qu’est ce qui s’y active ? Je ne veux pas entrer dans les détails ici, mais c’est essentiellement ceci. Ce sont les neurones qui deviennent actifs, c’est à dire ont des échanges électriques, puisque l’activité neuronale est une transmission, de neurone à neurone, de signaux portés par des réactions chimiques à caractère électrique (ce sont des échanges d’ions). Cette région est activée par la perception de la voix de sa mère. Et si on fait la même image, mais que l’enfant entend - c’est un enfant français et il entend sa maman parler en français - quelqu’un parler anglais, il ne se passe rien de comparable. Au plus on verra s’illuminer la région sensible au son, non celle de la langue. Voyez maintenant l’activation d’une région qui est en train de « penser ». Bien sûr, dire qu’on “voit le cerveau penser” est excessif…. Je souhaite à quelques unes et quelques uns d’entre vous de participer à cette fantastique aventure que va être l’exploration du cerveau au 21ème siècle. Nous en sommes au début, aux tous premiers pas. L’image que je vous montre là est un balbutiement, mais c’est une aventure qui sera aussi fascinante que fut l’aventure de l’astrophysique au 20ème siècle. J’espère, que ce soit comme technicien, comme médecin, comme chercheur, que parmi vous, certains suivront cette voie, même si elle est difficile, laborieuse parce que la science est parfois aussi difficile et laborieuse.
Bon, je vois que vous aimez bien Albert Einstein, vous n’êtes pas les seuls et les élèves d’allemand ici reconnaissent sans peine cette phrase, je la traduis pour les autres, elle est très belle, elle est très simple aussi et il l’a prononcée à la fin de sa vie ce qui n’est pas sans importance. Il a dit : « je n’ai pas de devoir d’obligation plus importante que d’être passionnément curieux ».
Il n’y a pas d’obligation plus importante pour devenir plus humain, pour être davantage dans sa vocation d’homme que de laisser vivre en soi cette curiosité merveilleuse qui est présente chez l’enfant et que, malheureusement, le fait que nous soyons souvent trop gâtés par des quantités d’informations fait disparaître chez l’adulte, et c’est bien dommage.
J’aime bien cette phrase d’Einstein


"Ich habe keine besonder Begabung, sondern bin nur leidenschaftlich neugierig"
"Je n’ai pas de devoir plus important que d’être passionnément curieux"


parce qu’elle n’épuise pas, naturellement, l’humanité de l’homme il y a aussi d’autres vertus, la vertu de compassion par exemple, qui, évidemment est une vertu tout à fait essentielle de l’humain, mais le fait qu’il mette autant l’accent sur la passion de la curiosité est très importante.
Et c’est ce qui fonde la science, c’est ce qui fonde l’intérêt des Babyloniens d’Anaxagore pour les éclipses.
Et je suis sûr que si Einstein et Anaxagore s’étaient rencontrés, comme on aimait le faire, dans les dialogues, au bord du Styx ou de l’Achéron, dans les récits grecs -vous savez, des personnes ayant vécu à des périodes différentes se rencontraient et discutaient gravement de leurs idées- eh bien! Anaxagore et Einstein seraient profondément d’accord.
Donc cette science
s’appuie sur un regard d’enfant curieux, conservé à l’âge adulte. elle s’appuie aussi sur une méthode dont il n’est pas inutile de dire quelques mots parce que souvent cette méthode n’est pas bien comprise. Peut-être celui qui a le mieux formulé, dans l’époque moderne, cette méthode c’est René Descartes au XVIIème siècle, et au fond Descartes adopte comme méthode l’installation du doute.
A priori, je ne sais rien, je ne crois rien de ce que l’on me raconte. Donc, je vais douter de tout ce que l’on me dit, évidemment, c’est un peu déstabilisant. Je vais douter de tout ce qu’on me dit mais il faut bien que je parte de quelque chose de solide, parce que sans ça, je me couche et j’attends la mort.
Et pour Descartes, ce qui est solide, vous le savez bien, c’est le fameux « cogito » je pense donc je suis. Il y a au moins une chose, même si tout le reste n’est qu’apparence et illusion, il y a au moins une chose dont je suis certain, c’est d’être là, moi. Et donc Descartes va tenter de construire tout le développement de la raison scientifique à partir de cette simple évidence associé à un doute systématique.
Et la science, par le fait qu’elle valorise les questions et surtout les questions pointues : comment pouvez vous être sûrs, expliquez moi que vous êtes bien sûrs que c’est la lune qui passe devant le soleil ce matin, et pas un nuage ou un oiseau. Alors, je peux vous le démontrer avec des arguments rationnels et nous allons être dans le dialogue que Socrate avait tellement mis en œuvre avec ses interlocuteurs.Dans le dialogue qui est : j’essaie de donner des arguments fondés en raison et vous essayez de trouver le point où mes arguments sont fragiles ou trop faibles. Et si nous ne sommes pas d’accord pour ce qui est des sciences expérimentales, ou bien des observations, et bien nous allons ensemble interroger la nature. Nous allons lui poser une question, c’est le rôle d’une expérience critique, et si elle répond blanc c’est moi qui ai raison et si elle répond noir, c’est vous qui avez raison. Alors, vous voyez bien que tout l’art, est dans la façon de poser la question. Et de poser la bonne question parce que le plus souvent dans la vie d’un chercheur, on pose des questions et puis, la nature répond à la normande :" ptêt benqu’oui, ptêt benqu’non". Ca veut dire que la question a été insuffisamment posée ou analysée.
Donc, position du doute, ce dont nous ne pouvons être certains ne peut être tenu pour vrai. Ce dont nous ne pouvons être certains, certains au sens de la démonstration rationnelle, ne peut être tenu pour vrai. Alors si chacun d’entre nous appliquait dans sa vie cette maxime et dans sa vie scientifique en particulier, il n’irait pas très loin. Parce que, naturellement, nous ne pouvons progresser qu’en nous appuyant sur tous ceux qui nous ont précédés. C’est ce que Bernard de Chartres qui était l’évêque de Chartes au XIIème siècle avait magnifiquement… énoncé en disant : nous sommes des nains mais nous voyons infiniment loin parce que nous sommes montés sur des épaules de géants. Et Newton, dans une lettre célèbre a repris cette phrase -lui qui était un géant de la pensée- se considérait néanmoins comme un nain, c’est à dire qu’il n’avait pu faire ce qu’il avait fait que parce qu’il était monté sur les épaules de ses prédécesseurs.
En ce sens là, la science est une construction progressive où chaque génération va ajouter un petit regard à celles qui l’ont précédée. Je voudrais prendre un exemple de cette construction pyramidale de la connaissance.

C’est ce qu’on appelle l’échelle des distances en astronomie. Comment peut-on savoir la distance d’une étoile. Comment peut-on savoir la distance d’une autre galaxie ?
Pas de façon "pifométrique", pas non plus en les mesurant avec un mètre. Parce que tous ces objets sont inaccessibles. Il faut donc construire une échelle qui, de proche en proche, en s’appuyant sur ce qui a été fait avant nous, va permettre de construire cette vision de la distance. Donc finalement, la taille de l’univers, ce petit cerveau va être capable de la penser et de la penser en kilomètres ou en années lumière, ça fait beaucoup de kilomètres. Alors, j’ai résumé ici les étapes pour vous montrer cette progression par échelle.
La première étape, c’est la dimension de la Terre. D’abord savoir que la terre est sphérique et ensuite de mesurer sa dimension. Et bien cette étape a été franchie, il y a également 25 siècles, également par un Grec, également au bord de la Méditerranée, cette fois un peu au sud de la Corse, à Alexandrie, en Egypte par Eratosthène qui a mesuré le rayon de la Terre, simplement en observant que sur le tropique, les ombres, le jour du solstice d’été où le soleil est à la verticale disparaissent, alors qu’en un autre point, distant de quelques centaines de kilomètres , distance qu’il a su mesurer, simplement en temps de parcours, les ombres ne sont pas verticales mais font un angle avec la verticale. Et la mesure de cet angle, en plantant un bâton dans le sol, à midi, lui permettait de calculer le rayon de la Terre, 6440 Km.
C’est une expérience que nous faisons-que nous avons évoquée tout à l’heure- avec « la main à la pâte », c’est une expérience que nous faisons faire à des élèves de CM2, sans aucune difficulté et ils trouvent 6400Km, 6300 ou 6500 ,quelque chose de tout à fait raisonnable. Alors, une fois qu’on a la dimension de la Terre, il faut mesurer la distance de la Terre au soleil. Et ça, c’est une étape très intéressante que je vais vous résumer en quelques mots.
Puis, une fois qu’on a la dimension de la Terre, il faut mesurer la distance de la Terre au Soleil. Cela est une étape très intéressante, que je vais vous résumer en quelques mots. Puis, quand on la distance de la Terre au Soleil, sur cette base, on va estimer, toujours par un effet géométrique lié au mouvement de la Terre autour du Soleil, à 6 mois d’intervalle, la distance des plus proches étoiles qui, à cause de ce mouvement, paraissent décrire sur le ciel une petite ellipse. Image, en quelque sorte du mouvement de la Terre autour du Soleil. Petite ellipse décrite par rapport à des étoiles beaucoup plus lointaines, considérées si vous voulez comme l’arrière-plan. Donc on obtient la distance des étoiles proches, c’est-à-dire toutes les étoiles dans une sphère qui fait quelques dizaines d’années-lumière de diamètre, une centaine d’étoiles peut-être.
Puis, à partir de ces étoiles-là on va pouvoir déterminer la distance de toutes les étoiles de notre Galaxie, et donc sa dimension, avec simplement l’estimation de l’éclat des étoiles. En supposant que la statistique établie dans ce volume autour de nous - de quelques centaines d’années lumière - est bonne. Quand alors on voit une étoile et qu’on reconnaît son éclat réel à sa couleur, si elle est très peu lumineuse, c’est qu’elle est très loin. Et comme on connaît comment l’éclat varie avec la distance -il est inversement proportionnel au carré de la distance-, on va pouvoir obtenir facilement les dimensions de notre Galaxie, qui forme la Voie lactée.
Puis en appliquant encore des raisonnements du même type, cette fois aux galaxies et non plus aux étoiles de notre galaxie, on franchit une étape suivante et on obtient la distance des autres galaxies, etc.etc.... Et au delà, peut-être les dimensions de l’univers. Mais cela nous entraînerait trop loin, si je puis m’exprimer ainsi ! Le mètre est un peu petit pour mesurer toutes ces distances, donc on utilise volontiers d’abord l’unité astronomique, c’est à dire la distance entre la Terre et le Soleil, et puis au delà, le temps de parcours de la lumière. Si certains d’entre vous ont la possibilité ou la chance d’aller à Paris, d’ici le mois de décembre, tous les soirs pendant cette fin de l’année mondiale de la physique, il y a une mesure de la vitesse de la lumière qui se fait en tirant un laser depuis l’observatoire de Paris, situé en haut du boulevard St Michel, sur Montmartre et on mesure le temps d’aller-retour de la lumière. Elle part de l’observatoire de Paris, elle va frapper un miroir qui est à Montmartre et elle revient. Et en mesurant ce temps, sur une distance d’à peu près 15 Km, on obtient la vitesse de la lumière que j’ai rappelée ici. Alors la distance Terre-Soleil, c’est par exemple 8 minutes de lumière et puis les distances entre galaxies, vous le savez, se comptent en millions d’années-lumière. La taille, si le mot a un sens, de l’univers se compte, elle, en milliards d’années lumière. Jetons juste un petit regard sur la distance Terre-Soleil. Et là, j’ai représenté quelques galaxies.


. Dans la photographie de gauche, ici, vous n’avez aucune étoile.
Tous les objets que vous voyez sont des galaxies et chacune de ces galaxies comprend une dizaine de milliards d’étoiles. Et on en connaît la distance avec une assez bonne précision, disons mieux que quelques pour cent, de chacune de ces galaxies.
Voyez comment cette échelle est puissante. Comment en s’appuyant sur les géants qui nous ont précédé, comment, les nains que nous sommes, peuvent mesurer finalement l’univers.
Je vais vous montrer ici comment on a fait historiquement pour mesurer la distance entre la terre et le soleil. Il y a encore, là aussi, une admirable mesure des Grecs, mais je ne la cite pas parce que c’est une mesure qui n'est pas tombée trop mal, un peu fausse, quand même. Soit une distance terre-soleil beaucoup trop petite.
Mais, ils ont eu de la chance parce qu’ils ont fait une mesure où ils avaient deux énormes erreurs qui se compensaient presque exactement. Donc le résultat n'était pas stupide.
Quand vous avez un cours de physique, que cette chose vous arrive en TP et que le professeur vous dit vous avez de la chance, mais que le résultat est faux, dites vous que cela correspond exactement à ce qui était arrivé à ces Grecs. Alors, voici l’idée qui est tout à fait simple. On va profiter non pas d’une éclipse, d’une éclipse de soleil où la Lune cacherait le Soleil, mais d’un passage de la planète Vénus devant le Soleil. Cela arrive de temps en temps …. Je vous montre ici comment.


8 juin 2004 CV = 0,726 ua CO = 1.015 ua


Vous avez ici l’orbite de Vénus à l’intérieur, autour du Soleil, et puis, l’orbite de la Terre et vous voyez qu’il y a un léger angle, quelques degrés, entre le plan de l’orbite de Vénus et le plan de l’orbite de la Terre. Si bien que, la plupart du temps quand la Terre est à une position quelconque, et Vénus à une position quelconque de son orbite, Vénus, vue de la Terre, passe tantôt au dessus, tantôt au dessous du disque solaire. Mais il existe deux positions, vous les voyez ici représentées, les deux plans se coupent suivant une droite et dans l’une ou l’autre de ces positions la Terre, Vénus et le Soleil sont alignés. Et à ce moment là, pour la Terre, le disque de Vénus passe devant le disque du Soleil. Cela ne s’est pas produit très souvent, dans les temps
historiques, depuis la première tentative d’observation du phénomène en 1631

,
jusqu’à l’observation de 2004 qui était visible depuis la Corse . Il y a, comme pour les éclipses de Soleil, une régularité de ces passages : c’est à peu près tous les 120 ans puis ensuite 8 ans. 2004, 2012. En outre, cela s’observe depuis un point de la Terre qui va dépendre de la rotation de la Terre, donc du moment exact de la journée etc.… Alors, voilà comment on fait. C’est de la géométrie élémentaire – et ça va me permettre de faire un petit commentaire sur le rôle des mathématiques. Voyez, l’inconnue c’est ce qui est en bleu , c’est la distance de la Terre au Soleil, et puis on se met en deux points de la Terre, à gauche, les points A et B, dont on connaît les coordonnées géographiques donc dont on connaît la distance. On voit depuis, ces deux points, Vénus se projeter sur le disque solaire, en deux points différents. Voyez, de A, c’est la ligne bleue, donc on se projette en un certain point, et puis de B, c’est la ligne verte et Vénus apparaît, sur une photographie, par exemple, ou à l’œil quand on n’avait pas de photo, en un autre point du disque solaire. Donc, on peut mesurer l’angle que font les lignes bleues et les lignes vertes, en regardant simplement la distance de ces deux points sur le disque solaire. Et point n’est besoin d’être très fort en géométrie, pour constater que dans le triangle A-B-Vénus si on connaît l’angle au sommet Vénus et la distance AB, on peut connaître la distance A-Vénus. Cela, c’est la moitié de la démonstration et la deuxième moitié, ce sont les lois de Kepler. C’est à dire qu’il y a un rapport connu entre la distance du Soleil à Vénus et la distance du Soleil à la Terre, qui ne dépend que de leurs années respectives (loi de Képler). Donc, avec ces deux résultats, on calcule la distance du Soleil. Il y a eu des expéditions tout à fait aventureuses pour mesurer le passage de Vénus devant le Soleil… Par exemple, vous savez qu’au XVIIIème siècle, il y avait une grande rivalité entre les marines française et britannique et que c’était à qui dominerait les mers. Et les astronomes avaient prévu – nous retrouvons la prédiction – une observation d’un passage de Vénus devant le soleil en 1761, dans l’océan Pacifique. L’amirauté britannique a envoyé un jeune officier, elle lui a confié le commandement d’un navire, en lui donnant deux lettres de mission et en lui disant : voilà la première lettre, vous pouvez l’ouvrir au départ de Plymouth (d’où partait l’expédition avec des astronomes à bord.) et la seconde, vous l’ouvrirez le lendemain de l’observation du phénomène, qui se déroulait quelque part du côté de Tahiti. L’officier en question s’appelait Cook, l’expédition a réussi, ses astronomes ont observé le passage de Vénus. Puis il a ouvert sa seconde lettre, qui lui disait de naviguer droit au sud et de prendre possession, au nom de la Couronne, de toutes les terres qu’il découvrirait. Et Cook a découvert l’Australie ! Cette découverte est une conséquence directe d’une observation du passage de Vénus.
Cet exemple, que je n’ai pas détaillé de façon considérable, nous montre, à partir de cette attitude de doute systématique, la construction progressive de l’échelle des distances dans l’univers. On pourrait développer en plongeant dans l’histoire de la science, que malheureusement on vous enseigne trop peu. On vous donne souvent dans les cours de science, et naturellement, ce n'est pas une critique des professeurs que je fais ou alors, c’est aussi une critique des cours que j’ai faits moi même, mais on donne trop souvent une image de la science comme :"on sait ça… apprenez cette formule et puis c’est la vérité." Ce n’est pas du tout cela la science. La science, c’est aussi vivant qu’une réalité historique, politique, littéraire. C’est construit autrement, à partir de l’observation, de la raison, de l’expérience, mais c’est quelque chose qui est profondément vivant, inscrit dans l’histoire humaine et qui est plein d’histoires au pluriel. D’histoires qui sont des histoires tantôt comiques, tantôt dramatiques, tantôt exemplaires, tantôt pleines d’abnégation, tantôt pleines de courage, tantôt pleines de lâcheté aussi ou de crimes, parfois. Mais c’est une histoire. C’est une histoire humaine dans laquelle on va progressivement changer nos représentations du monde. Alors, ces représentations, elles passent par des moments très forts et puis, elles ont des périodes de calme, si je puis dire.
Pensons par exemple à une des représentations les plus simples de l’expérience quotidienne, la représentation de la Terre. Pendant longtemps, la Terre était plate. Et puis,comme je l’ai indiqué tout à l’heure, on a changé de regard en proposant une Terre sphérique. Alors, vous savez bien pour l’avoir expliqué ou l’avoir vécu vous-même ou pour l’avoir expliqué à vos petits frères ou sœurs, que passer d’une Terre plate à une Terre sphérique, c’est choquant pour l’intelligence. Parce que l’enfant va dire : « mais aux antipodes, on tombe ». Evidemment, peu à peu il va comprendre qu’on peut être attiré par cette force qu’est la pesanteur et si cette force a un caractère radial, si elle est toujours dirigée vers le centre, il n’y aura aucune différence entre les différents points de la Terre quant à la position de la verticale dirigée vers le sol. Mais cela, ce n’est pas une représentation spontanée, c’est ce que nous appelons une représentation construite. Et puis après, on avait cette terre sphérique qui avait l’air immobile puisque nous ne percevons pas le mouvement. Et puis, il a fallu accepter une nouvelle représentation, c’est que la Terre se déplaçait autour du soleil à une vitesse de 30 km par seconde. Et que néanmoins, nous ne percevions pas ce mouvement. Qu’on puisse être en mouvement relatif mais néanmoins ne rien percevoir du mouvement était quelque chose qui était profondément choquant pour les hommes du XVIe siècle. Aujourd’hui, nous avons appris à accepter une représentation de ce type – les avions et les trains nous y aident ! La science connaît en permanence de telles crises, profondes. La crise de la Renaissance sur le mouvement de la Terre en fut une et ne fut pas la dernière. Là c’est un point important à comprendre : les représentations anciennes sont moins « vraies » que d’autres plus récentes, mais elles ne perdent pas une certaine valeur pour autant. Un géomètre qui fait le cadastre de la ville d’Ajaccio ne se soucie pas du fait que la Terre soit ronde… cela n’a pratiquement aucune importance. Mais si vous tentez de cartographier la surface de l’Afrique en ignorant que la Terre est sphérique, vous allez évidemment avoir des cartes qui sont emplies d’erreurs. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que la cartographie précise du globe, née à partir des XVIe, XVIIe siècle, a requis des représentations plus élaborées que les cartes planes : les géographes se sont donnés beaucoup de mal pour inventer des méthodes de projection d’une sphère sur un plan. Quand vous regardez une carte, souvent dans le coin, vous voyez écrit que la carte est faite avec tel ou tel type de projection.
Je vais m’approcher de la conclusion .Qu’est ce que la science ? La science, c’est une aventure. Je vous en ai donné quelques exemples. C’est une aventure humaine. Il y a d’autres aventures humaines. De l’ordre de l’émotion, de l’intériorité, de la création artistique. C’est donc d’abord une aventure humaine. C’est une aventure de la raison. Mais ce n’est pas parce qu’elle est construite sur le raisonnement, la démonstration, la preuve, l’argumentation, la contradiction – tout ce que nous avons vu à l’œuvre – qu’elle n’est pas aussi un moment extraordinaire d’esthétique. La science, c’est la recherche de la beauté. Et, Einstein, pour revenir à lui, disait que ce par quoi il se laissait guider quand il hésitait, c’était par le sens de la beauté.
Encore un détour pour rappeler une autre histoire d’éclipse, que j’aime bien raconter parce qu’elle est exemplaire de cette esthétique profonde de la nature telle que notre cerveau est capable de la percevoir. En 1919, une éclipse totale de soleil s’est produite en divers points du globe… et une expédition montée par un grand astronome britannique, Arthur Eddington, est allée dans les montagnes du Colorado pour l’observer, afin de vérifier une prédiction faite par Einstein sur sa théorie de la relativité générale. Nous aurions pu parler de cette théorie si nous avions deux heures de plus ce matin, parce que c’est aussi une belle et fascinante histoire. Les résultats de l’éclipse, à savoir la mesure de la position d’étoiles au voisinage du bord solaire ont parfaitement confirmé les prédictions d’Einstein et infirmé, par là même, les prévisions antérieures, qu’avait faites Newton. Donc, la validité de la relativité générale était établie par cette observation. Eh bien ! les journalistes se sont adressés le lendemain à Einstein et lui ont dit : « Est ce que vous avez mal dormi en attendant, cette nuit, de connaître le résultat, de recevoir le télégramme annonçant que la mesure donnait exactement le résultat que vous aviez prédit ?». Et Einstein a répondu très tranquillement : « non, non, j’ai très bien dormi… » « Mais enfin, qu’auriez-vous pensé, Professeur Einstein, si le résultat avait été contraire à vos prévisions ». Et Einstein a eu cette réponse sublime…il a dit : « Oh ! je pense que Dieu aurait vraiment fait une grave erreur d’esthétique.» C’est dire à quel point il était guidé par le sens de l’harmonie du monde : si les choses possèdent en leur sein autant de symétrie, autant d’organisation intelligible, il est possible de se laisser guider par cette organisation. La nature nous offre des spectacles qui commencent par l’arc-en-ciel et qui se poursuivent indéfiniment par des beautés pareilles.
La science est une aventure, la science est construite sur l’usage de la raison. La science est une perception, une émotion esthétique très forte. Tout le monde n’est pas scientifique, heureusement. Tout le monde n’est pas fait pour être scientifique, peut être que tout le monde par contre peut jouir de la science pour partager un peu sa méthode et ses découvertes. Tout le monde n’est pas un grand musicien susceptible de jouer en soliste dans un orchestre mondial, mais tout le monde peut prendre du bonheur à écouter un morceau de musique. Tout le monde n’est pas un alpiniste qui va gravir l’Eiger ou l’Himalaya, mais tout le monde peut prendre du plaisir à randonner en haute montagne. Eh bien ! la science, c’est pareil. Tout le monde n’a peut-être pas ni l’occasion ni la possibilité ni peut être même les dons de la pratiquer en tant que professionnel, mais tout le monde peut venir butiner dans ses résultats pour apprécier, qui la raison, qui la beauté, qui l’intelligence, qui les formes de la science. Alors, évidemment et ce sera maintenant ma conclusion, la science nous offre des possibilités d’action. C’est Archimède : « Donnez moi un levier et je soulèverai le monde ». Déplacer les atomes un par un. Il y a 100 ans seulement, quand Einstein était un jeune homme de votre âge, pouvait-il imaginer qu’un jour, cent ans plus tard, on serait capable de prendre des atomes, un à un, un peu comme si on avait une pince à épiler, qu’on puisse déplacer les atomes et qu’on puisse les mettre en ordre sur la surface d’un cristal. C’est exactement ce que vous avez sous les yeux.

déplacer des atomes un par un…


Vous avez des atomes d’or qui sont sur un cristal de cuivre ici et que l’on déplace un par un pour tracer un cercle. Ce n’ est pas un dessin, c’est une photographie construite avec un outil d’exploration assez astucieux qui s’appelle le microscope à effet de champ, et qui nous donne littéralement l’image de la surface d’un cristal et d’atomes que l’on peut déplacer. On a construit ce cercle progressivement en prenant, je le répète, littéralement les atomes un à un. Cela s’appelle un quantum corral. Vous savez ce que c’est qu’un corral parce que vous avez tous lu Lucky Luke, j’imagine. Et bien, c’est un corral quantique dans lequel ce ne sont pas des piquets de bois qui forment le corral. Mais ce sont des atomes. Donc, la technologie, c’est cette version de la science, mise au service d’outils, mise au service de réalisations techniques. Naturellement, la puissance de la science nous interroge. Et elle n’interroge pas seulement les scientifiques, elle interroge tous les citoyens. Les citoyens que vous êtes déjà .Vous allez vivre au cours du 20ème siècle, vous allez avoir des problèmes difficiles à régler. Vous allez avoir à regarder la façon dont nous gérons le climat de notre planète. L’effet du gaz carbonique, l’effet de serre que vous connaissez bien. Seule la science peut nous dire ce qui est dangereux, et ce qui n’est pas dangereux. Et seule la science peut nous donner les moyens de mesurer ce qui se passe. Mais ce n'est pas elle qui nous dira ce qu’il faut faire. Elle nous dira ce que l’on peut faire. Mais ce qu’il faut faire relève de décisions collectives, sociales, politiques. Ce sont les citoyens, en tout cas dans nos pays libres et démocratiques, qui pourront les proposer, les discuter et les imposer, le cas échéant. Et le pire, dans ces situations là, – j’ai pris l’exemple du climat, on pourrait en prendre beaucoup d’autres, on pourrait prendre celui de l’énergie par exemple – le pire dans ces situations-là, c’est la politique de l’autruche. C’est la politique du « je ne peux pas comprendre », or on peut comprendre. Où du « je ne veux pas savoir », or, on doit savoir. Donc vous voyez que la science nous introduit depuis ces domaines merveilleux de la connaissance, dans un autre domaine qui est celui de l’éthique. Qu’est ce qu’il est juste et injuste de faire ? Qu’est ce qu’il est bon et qu’est ce qu’il est mauvais de faire ? Et l’histoire du 20ème siècle a suffisamment d’exemples dramatiques pour nous ouvrir les yeux. Et pour nous dire que nous sommes convoqués aujourd’hui à comprendre, nous ne pouvons pas ne pas savoir. C’est naturellement une espérance formidable que de voir que sur une petite conférence de sciences, de récit d’un parcours, on peut réunir autant de jeunes filles, de jeunes gens, de 18 à 20 ans, ou peut-être moins d’ailleurs, qui sont comme vous l’êtes, avides de savoir. Peut-être trouvez-vous que ma note de conclusion est une note un peu grave. C’est vrai. Elle l’est parce que derrière le bonheur de comprendre, derrière l’aventure, il y a aussi les grandes interrogations et les grandes responsabilités qui sont aujourd’hui les nôtres et le resteront demain....
 
Livret élèves



la Méditerranée, creuset de la science





Anaxagore de Clazomènes est né à Clazomènes ( près d’ Izmir en Turquie) en 500a.v JC Il s’installe à Athènes vers 480 et enseigne pendant une trentaine d’années. Il a pour élève Périclès, Euripide et on suppose que Socrate a aussi suivi son enseignement. Il est le premier philosophe grec a introduire la notion d’esprit ou raison (nous , noûs) .Il s’intéresse aux phénomènes de la nature ( ses théories sont exposées dans son « de la nature » (peri phuseos) dont nous ne connaissons que des fragments .Les corps sont des agrégats d’atomes. A l’origine existaient les atomes infiniment petits et en nombre infini et c’est l’intelligence éternelle qui les a ordonnés.Il est condamné à mort pour impiété car il affirmait que le soleil n’est qu’un rocher incandescent- grief qui sera retenu contre Socrate lors de son procès en 399 avant JC-et que la lune était formée de terre .Il fut sauvé par Périclès qui l’aida à quitter Athènes en 421 av. Il s’établit en Asie Mineure à Lampsaque ou il meurt en 428 av J.C.On lui reprocha de s’intéresser à l’astronomie au lieu de s’occuper des affaires de la cité. En Chine au contraire le pouvoir politique accordait une grande place aux astronomes.



Eclipse Annulaire 03 octobre 2005  

Eclipse annulaire

"Avec un diamètre apparent de 1810.6", la Lune ne recouvre pas complètement le disque solaire d'un diamètre de 1918.2". L'éclipse est dite annulaire car la partie visible du Soleil prend la forme d'un anneau. L'ombre produite par le passage de la Lune devant le Soleil n'atteint pas la surface de notre planète. La surface de la Terre rencontre alors le prolongement du cône d'ombre, et non le cône d'ombre comme dans le cas d'une éclipse totale de Soleil."
http://www.craag.edu.dz/Astro/events/

eclipse annulaire
éclipse totale


Origine de la philosophie
« C'est, en effet, l'étonnement qui poussa comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Au début, leur étonnement porta sur les difficultés qui se présentaient les premières à l'esprit ; puis, s'avançant ainsi peu à peu, ils étendirent leur exploration à des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil et des Étoiles, enfin la genèse de l'Univers. Or apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance Ainsi donc, si ce fut bien pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, c'est qu'évidemment, ils poursuivaient le savoir en vue de la seule connaissance et non pour une fin utilitaire. »
(Aristote)

les premières explications


Les hommes voulaient comprendre ces phénomènes mais ils ne disposaient ni du bagage théorique (mathématique, sciences) ni des outils issus de la technologie dont nous pouvons disposer aujourd'hui. Cependant ce sont leurs observations et leurs premières tentatives d'explication aussi erronées soient-elles qui vont permettre à la science moderne de se constituer. Sans doute pouvons nous accorder à Bachelard qu’ « il n'y a pas de vérité première, il n’y a que des erreurs premières ». La contemplation de l'univers est sans doute aussi à l'origine de la spéculation philosophique. Comment l'univers est-il né? Comment se fait-il qu'il soit aussi bien ordonné? Ne faut-il pas qu'il ait eu un créateur à sa dimension? qu'elle est sa place dans cet univers? Et comme lui d'où venons-nous où allons-nous?



Socrate-buste,Bibliotheca Alexandrina,cliché P.Léna


Persuader et Convaincre

 
Persuader, c'est faire croire ; convaincre, c'est obtenir l'assentiment sur la base de preuves ou de témoignages Les sophistes, adversaires de Socrate dans les dialogues socratiques de Platon utilisaient la rhétorique grâce à laquelle ils prétendaient pouvoir défendre n'importe quelle thèse indépendamment de sa vérité. Socrate et Platon ont opposé la dialectique à la rhétorique qu’ils ont totalement discréditée. A l’époque des sophistes, Athènes est tournée vers le commerce. Les sophistes voyagent beaucoup et ce faisant, découvrent des hommes qui ont des mœurs et coutumes différentes des leurs. Un problème se pose alors à eux : et si la vérité était elle aussi variable ? Grâce à l’art de la rhétorique ils rivalisent d'éloquence et se targuent de pouvoir traiter tout sujet, et de pouvoir défendre une thèse comme son contraire..Dans les dialogues socratiques , Platon met en scène les grands sophistes de son époque dont : -Protagoras, est né vers 480 av. JC .Il commença par gagner sa vie en transportant des marchandises mais Démocrite ayant découvert ses talents d’orateur l’incita à s'inscrire dans son école. Il devint maître d'éloquence Il exerça sa profession pendant quarante ans. Les Athéniens lui intentèrent un procès pour impiété. Il avait écrit : " Pour ce qui est des dieux, je n'ai aucune possibilité de savoir s'ils existent, ni s'ils n'existent pas ". il dû fuir, et mourut dans un naufrage au large de la Sicile. Ses livres furent brûlés . Si jusqu’alors on pensait que Dieu était mesure de toute chose , Protagoras affirme : " L'homme est la mesure de toutes choses ". Chacun conçoit la vérité à sa propre mesure C’est grâce à la sensation que nous connaissons , mais la sensation est relative. La vérité est relative. Et on peut démontrer n'importe quoi.
-Gorgias Né entre 480 et 475 av. J. C. à Léontion près de Syracuse sans doute a-t-il suivi les cours d’Empédocle. Les léontins l’ayant envoyé à Athènes en 427 afin d'obtenir une aide militaire face à la menace de Syracuse. Gorgias fit découvrir aux Athéniens l’art de l’éloquence sicilienne dans laquelle il privilégie la forme sur le fond : La vérité n'existe pas ou, n'est pas à notre portée. Tout ce qu'on peut faire est d'exercer le pouvoir grâce à la parole.
Les sophistes.

Platon s'est efforcé de distinguer le sophiste, considéré comme un marchand d'illusions, du philosophe ,qui ,lui est à la recherche de la vérité. Le sophiste est un charlatan habile, c'est un raisonneur spécieux, apparemment démonstratif, il est souvent de mauvaise foi, c'est un vendeur d'éloquence. Or l'éloquence était la clé du pouvoir. La sophistique apparaît donc comme l'art de la rhétorique c'est-à-dire comme l'art de parler, de créer la conviction par le charme, la beauté du verbe. Ce que Platon reproche au sophiste c'est de ne pas se fonder sur une véritable connaissance des sujets évoqués. Par ailleurs, le sophiste est capable de soutenir tantôt le pour, tantôt le contre selon le contexte, par conséquent il est immoral Si l'on se réfère au Gorgias dont le sous-titre est:de la rhétorique, on comprend mieux les reproches adressés par Platon. Nous sommes habitués aux rhéteurs, par exemple les avocats, mais la sophistique dépasse l'éloquence judiciaire, pour Platon elle repose sur des principes philosophiques ou plutôt sur une absence de principes philosophiques. Le sophiste à l'origine c'est celui qui est expert en tout, celui qui connaît les choses et qui peut donc en parler. Expert en tout aussi bien dans le domaine intellectuel que dans le domaine manuel. Mais Platon affirme: « mais voyons, l'homme le plus qualifié pour parler sur la santé, c'est un médecin non le sophiste ». Si Platon critique les sophistes ce n'est pas pour mettre en valeur une technique qui n'est pour lui qu'un moyen terme. Ce qu'il vise c'est l'idéologie que colportent les sophistes. Une idéologie qui menacerait directement les croyances, la morale et la politique de la cité. Les sophistes amènent le cosmopolitisme et l'esprit du libre examen. Ils soutiennent que l'homme ne peut pas distinguer entre ce qui est vrai et le vraisemblable ce qui risque de conduire au relativisme. Par ailleurs les sophistes étaient des étrangers de passage. Le cosmopolitisme n'est pas exclusivement dû à se fait. Il s'enracine chez Diodore de Sicile. Les société et les règles qui les régissent sont des conventions qui varient dans le temps et dans l'espace mais en arrière plan il y a une unité la nature de l'homme. N'est-ce pas là une tentative pour établir une identité entre tous les hommes, qu'ils soient citoyens, barbares , ou esclaves. Les sophistes avaient peut-être trouvé la source d’ une fraternité humaine et d'une rationalisation de la politique. Platon pour les discréditer interprète leur attitude comme une justification de la force.

Platon
Donner un nom aux phénomènes.

Si l'on se réfère au vocabulaire européen des philosophies on voit très bien que selon l'étymologie latine conceptus(au sens propre foetus dans le ventre maternel), le concept est une représentation intellectuelle qui se forme au sein de l'esprit(produit de la gestation intérieure) et d'autre part con-capere c'est à dire prendre avec, ensemble, renvoie à l'idée de généralisation, de rassemblement d'une grande diversité d'éléments dans une unité de représentation.

Le mot peut permettre d'évoquer une chose de se la représenter et surtout de classer, hiérarchiser (pensons aux classifications comme celle de Jussieu ou de Cuvier qui ont été le premier moment dans la connaissance du monde animal et végétal). À partir d'un trait commun, un taxon, il est possible d'ordonner les phénomènes. Notons cependant que la généralisation d'abord empirique n'a qu'une valeur toute relative.


Lors des éclipses totales du soleil, on peut observer des formations lumineuses, semblables à des arcs ou des langues, qui se projettent très loin au-delà de la chromosphère: ce sont les protubérances.




éclipse du 11 août 1999



Aurore Boréale
« En période d'activité solaire maximale, ou simplement quelques jours après l'apparition sur le Soleil d'un important groupe de taches, on aura la possibilité de voir, durant la nuit, se déployer dans le ciel d'immenses draperies colorées (rouges et vertes en général), aux formes changeantes. Ce phénomène spectaculaire s'observe surtout dans les régions voisines des pôles : c'est une aurore polaire,
appelée aussi aurore boréale dans l'hémisphère Nord et une aurore australe pour l'hémisphère Sud. On trouve chez des auteurs comme Aristote ou Sénèque des témoignages attestant que les aurores sont observées depuis l'Antiquité. Mais c'est au savant et philosophe français Gassendi que l'on doit, en 1621, la première description scientifique du phénomène ainsi que sa désignation sous le nom d'aurore. Le navigateur anglais James Cook effectua, en 1773, la première observation d'une aurore australe. Selon leur aspect, on distingue des aurores diffuses - sans contour précis -, en arcs ou en rayons - à la limite inférieure très nette, mais à la limite supérieure qui s'estompe dans le ciel -, ou en draperies -évoquant d'immenses tentures soulevées par le vent. Les aurores polaires sont provoquées par l'arrivée massive au voisinage de la Terre de particules atomiques chargées électriquement provenant du Soleil. Canalisées par les lignes de forces du champ magnétique terrestre, ces particules se déversent surtout au-dessus des régions polaires, comme si elles s'écoulaient par un gigantesque entonnoir. A leur contact, les atomes d'oxygène et d'azote de l'air émettent de la lumière. »www.astrosurf.com


Il faut pouvoir voler très vite si on veut pouvoir suivre le soleil. Les astronomes avaient prévu un évènement historique pour le 30 juin: la plus longue éclipse solaire depuis mille ans. Le problème est que, du sol, leur temps d`observation maximal aurait été limité à sept minutes. On a donc pensé au
Concorde,
seul capable de donner aux astronomes la possibilité de prolonger le temps d`observation. Avec André Turcat aux commandes, le supersonique a décollé de Las Palmas à 10 h 12. L`avion, volant à plein régime et à 17 000 d`altitude, pénètre dans la zone d`ombre 35 minutes plus tard, au-dessus de la Mauritanie. Les sept scientifiques américains, anglais et Français( dont Pierre Lé) qui sont du vol ont les yeux rivés sur leurs instruments. En effet, Concorde a été transformé en véritable laboratoire volant: quatre hublots spéciaux ont été percés pour permettre aux télescopes de suivre l`éclipse. Avant d`arriver à Fort-Lamy, les chercheurs ont pu suivre l`éclipse pendant 74 minutes



source :Pierre Léna

L' attraction gravitationnelle est responsable de l'existence des corps célestes (planètes, étoiles, galaxies) en assurant leur cohésion. Elle est également à l'origine de leurs mouvements : la Terre est attirée par le Soleil et gravite autour de lui en tournant sur elle-même comme une toupie. C'est cet équilibre qui permet la succession des saisons, du jour et de la nuit et le ballet quotidien que nous offrent la Lune ,le Soleil, les autres planètes et les étoiles.



Cliché Pierre Léna
le Concorde,
avant de prendre sa retraite, avec un aménagement spécifique, dont un hublot au niveau du toit, transformé en laboratoire volant permettra le 30 juin 1973 à une équipe d’astronomes de suivre pendant 75 minutes une éclipse de soleil en Afrique, au cours d’un vol entre Las Palmas et N’Djamena.


les éclipses totales de soleil ne concernent qu'une petite région du globe terrestre ; cette zone, appelée "zone de totalité", prend l'allure d'une bande étroite, d'environ 250km de large ; la "tache d'ombre", de forme elliptique, se déplace à environ 3000 km/h, à la surface de la Terre. Le temps d'occultation du soleil par la lune étant au maximum de 7mn 30s, un observateur au sol n'a que peu de temps pour observer le phénomène. Lors de l'éclipse totale de juin 1973, le Concorde F-WTSS a pu se maintenir plus d'une heure (74 minutes) dans la totalité. Il avait été modifié en conséquence (installation d'un hublot optique dans le plafond de sa carlingue) pour permettre aux scientifiques de mieux observer le phénomène. En juillet 2003, André Turcat nous dit à propos de cette expérience : "nous avons effectué sur le proto FWTSS le vol éclipse le plus spectaculaire le 30 juin 1973 de Las Palmas à Fort-Lamy (devenue N'Djaména), avec 74 minutes de totalité de cette éclipse zénithale, et 3 équipes d'astronomes à bord, avec un seul passager de la télévision, que j'avais moi-même désigné, sachant qu'il ne troublerait en rien notre travail"



Cliché Pierre.Léna
une partie de l'ombre de la Lune sur la Terre, vue depuis le Concorde en 1973.


l'homme a besoin de comprendre le monde dans lequel il vit. Là où l'esprit humain veut se représenter le monde dans sa totalité, la science ne l'éclaire que de façon partielle et provisoire


Discours aux participants de l’assemblée pleinière de l’académie pontificale
« Celui qui s’engage dans la recherche scientifique et technique admet comme présupposé à sa démarche que le monde n’est pas un chaos, mais un “cosmos”, c’est–à–dire qu’il y a un ordre et des lois naturelles, qui se laissent appréhender et penser, et qui ont par là une certaine affinité avec l’esprit. Einstein disait volontiers: “Ce qu’il y a, dans le monde, d’éternellement incompréhensible, c’est qu’il soit compréhensible”. Cette intelligibilité, attestée par les prodigieuses découvertes des sciences et des techniques, renvoie en définitive à la Pensée transcendante et originelle dont toute chose porte l’empreinte. »


« Sans doute, quand on envisage l’ensemble complet des travaux de tout genre de l’espèce humaine, on doit concevoir l’étude de la nature comme destinée à fournir la véritable base rationnelle de l’action de l’homme sur la nature, puisque la connaissance des lois des phénomènes, dont le résultat constant est de nous les faire prévoir, peut seule évidemment nous conduire, dans la vie active, à les modifier à notre avantage les uns par les autres. Nos moyens naturels et directs pour agir sur les corps qui nous entourent sont extrêmement faibles, et tout à fait disproportionnés à nos besoins. Toutes les fois que nous parvenons à exercer une grande action, c’est seulement parce que la connaissance des lois naturelles nous permet d’introduire, parmi les circonstances déterminées sous l’influence desquelles s’accomplissent les divers phénomènes, quelques éléments modificateurs, qui, quelques faibles qu’ils soient en eux-mêmes, suffisent, dans certains cas, pour faire tourner à notre satisfaction les résultats définitifs de l’ensemble des causes extérieures. En résumé, science, d’où prévoyance ; prévoyance, d’où action : telle est la formule très simple qui exprime, d’une manière exacte, la relation générale de la science et de l’art , en prenant ces deux expressions dans leur acception totale. »
Auguste COMTE, Cours de philosophie positive, Deuxième leçon, II, 2.

Aristote pensait comme Empèdocle que l'univers était constitué des quatre éléments : Terre, air, eau, feu. Mais cela ne permettait aucune prévision ni prédiction. La théorie de la gravitation selon laquelle les corps s’ attirent en fonction d'une force proportionnelle à leur masse et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare, développé par Newton permet au contraire de prévoir les mouvements du soleil de la lune etc. c'est en suivant cette loi et celle de Kepler que le verrier découvrit Neptune.


Qu'est-ce qu'une représentation


Une représentation est l'image de quelque chose à travers le prisme de l'esprit qui se représente la chose en question, comme si un filtre s'interposait,, constituée des impressions sensibles, des préjugés, de nos désirs, de nos passions, de la puissance de notre imagination et de l'état de nos connaissances à notre époque. Quelle vérité nous offre alors la représentation?.La représentation n’épuise pas la totalité du réel .Elle est une représentation du monde datée, partielle et provisoire .Elle n'est qu'une approximation.En ce qui concerne la représentation deux théories s'affrontent tout d'abord l'idéalisme pour qui la représentation de l'objet est déterminée par le sujet (projection sur le réel des structures de l'esprit). Le réel est le fruit de la pensée et la connaissance aura pour champ d'action celui de la représentation et non la chose en elle-même. Pour le réalisme se sont au contraire les objets eux-mêmes qui déterminent notre représentation.


Caractéristiques d'une théorie

Une théorie n'est une bonne théorie qu’ à deux conditions d'une part, elle doit décrire avec exactitude un grand nombre d'observations à partir d'un modèle ne comportant qu'un petit nombre d'éléments arbitraires, d'autre part, permettre d'établir des prédictions précises et fermes sur les résultats des observations futures.
Une belle histoire du temps d p. 24.
En physique une théorie est toujours provisoire dans la mesure où elle n'est qu'une hypothèse ; elle demeure impossible à prouver quelque soit le nombre de fois où les résultats d'une expérience sont en accord avec la théorie, on n'est jamais certain qu'une expérience suivante ne viendra pas la contester. Et il suffit qu'une seule observation soit en désaccord avec les prédictions de la théorie pour qu'elle puisse être réfutée.
Une belle histoire du temps..


Cliché du à l'obligeance de Ghislaine Dehaene-Lambertz,INSERM


L'acquisition du langage est-elle dépendante ou indépendante de l'expérience ? Comment s'effectue cette acquisition du langage ? Est-elle régie essentiellement par des mécanismes innés ou repose-t-elle aussi sur les échanges avec l'environnement ?
Dès la naissance et même in utero, les bébés peuvent traiter les sons de la parole et s'approprier petit à petit le langage de leur environnement. Le degré avec lequel l'organisation du cerveau pour la parole est spécifiée précocement au cours du développement et la plasticité du cortex cérébral, pour toutes les modalités sensorielles, dépendent des nombreux événements de la maturation corticale mais aussi de l'interaction avec les locuteurs dans l'environnement de l'enfant.
Plusieurs théories de l'acquisition du langage mettent l'accent sur des mécanismes innés spécifiques au langage. Le cerveau serait organisé en facultés distinctes qui ne peuvent être modifiées par l'expérience. La théorie de la Grammaire Universelle, élaborée en 1957 par Chomsky, postule que les enfants naissent avec un patrimoine génétique concernant la structure et le contenu des règles grammaticales qui leur permet d'acquérir le langage. L'environnement représente le catalyseur de cette faculté innée. Grâce à ces structures innées, l'enfant a la capacité de produire et de comprendre des phrases qu'il n'a jamais entendues. Il crée le langage, c'est à dire qu'il découvre sa langue en contrôlant intuitivement l'assemblage des mots et non en apprenant un ensemble de phrases prêtes à l'emploi.
D'autres théories de l'acquisition du langage stipulent que les mécanismes de développement linguistique s'intègrent dans le développement cognitif et social. Toutes les théories post piagétiennes affirment que c'est à travers l'échange social et le développement cognitif que l'enfant construit sa langue. L'acquisition du langage serait alors un des multiples aspects du développement général de l'enfant.
Marie-Thérèse Le Normand, directeur de Recherche à L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM)



Ich habe keine besonder Begabung, sondern bin nur
leidenschaftlich neugierig
Je n’ai pas de devoir plus important que d’être
passionnément curieux


Albert Einstein (14 mars 1879 à Ulm, Württemberg, Allemagne - 18 avril 1955 à Princeton, New Jersey, États-Unis) physicien allemand, puis apatride (1896), suisse (1899), et enfin suisse-américain (1940).
Il a publié la théorie de la relativité restreinte (complétée par Henri Poincaré) en 1905 et celle d'une théorie de la gravité dite relativité générale (complétée par David Hilbert) en 1915. Il a largement contribué au développement de la mécanique quantique et de la cosmologie. Il a reçu le prix Nobel de physique en 1921 pour son explication de l'effet photoélectrique. Son travail est notamment connu pour l'équation E=mc² qui explique la puissance de l'énergie nucléaire.


Savoir que n'est pas savoir. Car savoir c'es toujours savoir quelque chose. On peut savoir qu'on vient de découvrir telle particule ou telle propriété sans savoir un mot de physique ou de biologie. Il faut même aller jusqu'à. dire que l'information factuelle, livrée avec abondance par les journaux même spécialisés, et par l'image, rend stupides les esprits qui n'ont pas les moyens de retrouver la méthode et le concept, ou qui même ne s'en soucient pas. (...) Il existe actuellement une parfaite cohabitation de la science, ou de ce que l'on persiste à nommer ainsi, et du marché. (...) La science réduite à. un objet de consommation qu'on pourrait se procurer à loisir ne pense pas et n'aide pas à penser. On peut être philosophe en sachant peu de choses, mais en les sachant d'un savoir capable de faire valoir ses titres. Or ce qu'on nomme aujourd'hui information est l'espèce la plus redoutable de l'argument d'autorité: elle est une école, si l'on peut ainsi parler, de servilité. Voila pourquoi le vrai philosophe n'est pas aux aguets pour se faire l'écho du dernier cri ; il revient plutôt, et sans se lasser, aux grands commencements; il veut être sûr de savoir lui- même ce qu'on sait bien afin de conduire une méditation non pas arbitraire et soumise à l'événement, mais libre et instruite.
J. Muglioni.


Les opinions communes sont divergentes, les opinions savantes sont sujettes à disputes entre les doctes , nous n’avons aucun critère qui ,nous permettrait de reconnaître lesquelles sont vraies et lesquelles sont fausses. Serions nous incapable de discerner le vrai du faux ? Faut-il renoncer à juger ? Si nous faisons bon usage de notre raison nous pourrons accéder à la vérité. Ainsi donc, pour sortir de la diversité des opinions et de la dispute scolastique, il ne s’agit pas d’acquérir une raison que tout le monde reconnaît posséder déjà, mais de savoir en user, c’est-à-dire de suivre une méthode. Descartes opère une véritable révolution intellectuelle . il doit rompre avec l’enseignement reçu au collège de La Flèche , avec la philosophie scolastique, héritière de la pensée aristotélicienne, que l’on y enseigne. C’est de vraisemblable qu’il a été nourri et non de vrai. Tout est douteux ,l’édifice du « savoir «  est construit sur des sables mouvants. Il faut tout reprendre des les fondements et trouver le roc. Ainsi nous dit-il il faut «  réformer mes pensées et bâtir sur un fond qui est tout à moi et partir d’un premier principe «  ne recevoir aucune chose pour vraie que je ne la connusse evidemment être telle. » Après avoir douté de tout ( doute méthodique et hyperbolique et non sceptique), il découvre une première vérité ;: celle du « cogito »


« Il y a un principe du doute consistant dans la maxime de traiter les connaissances de façon à les rendre incertaines et à montrer l'impossibilité d'atteindre à la certitude. Cette méthode de philosophie est la façon de penser sceptique ou le scepticisme. [...] Mais autant ce scepticisme est nuisible, autant est utile et opportune la méthode sceptique, si l'on entend seulement par là la façon de traiter quelque chose comme incertain et de le conduire au plus haut degré de l'incertitude dans l'espoir de trouver sur ce chemin la trace de la vérité. Cette méthode est donc à proprement parler une simple suspension du jugement. Elle est fort utile au procédé critique par quoi il faut entendre cette méthode de philosophie qui consiste à remonter aux sources des affirmations et objections, et aux fondements sur lesquels elles reposent, méthode qui permet d'espérer atteindre à la certitude. »

KANT
Dans la formation d'un esprit scientifique, le premier obstacle, c'est l'expérience première, c'est l'expérience placée avant et au dessus de la critique qui, elle, est nécessairement un élément intégrant de l'esprit scientifique. Puisque la critique n'a pas opéré explicitement, l'expérience première ne peut, en aucun cas, être un appui sûr. Nous donnerons de nombreuses preuves de la fragilité des connaissances premières, mais nous tenons tout de suite à nous opposer nettement à cette philosophie facile qui s'appuie sur un sensualisme plus ou moins franc, plus ou moins romancé, et qui prétend recevoir directement ses leçons d'un donné clair, net, sûr, constant, toujours offert à un esprit toujours ouvert. Voici alors la thèse philosophique que nous allons soutenir : l'esprit scientifique doit se former contre la Nature, contre ce qui est, en nous et hors du nous, l'impulsion et l'instruction de la Nature, contre l'entraînement naturel, contre le fait coloré et divers. L'esprit scientifique doit se former en se réformant. Il ne peut s'instruire devant qu'en purifiant les substances naturelles et qu'en ordonnant les phénomènes….. La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion; de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort. L'opinion pense mal; elle ne pense pas: elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion: il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit….

Bachelard


Bacon en 1605 écrits un ouvrage intitulé du progrès et de la promotion des savoirs dont la finalité est de critiquer les anciens condamnent les modernes à n'être que des nains juchés sur des épaules de géants la création dans le domaine scientifique se réduisant en une sorte d'imitation.

Le gnomon,
Instrument formé d'une tige verticale projetant l'ombre du soleil ou de la lune sur un écran horizontal et permettant ainsi de mesurer leur hauteur au-dessus de l'horizon . C'est l'ancêtre du cadran solaire. On le trouve partout : Amérique, Afrique, Bornéo... Mais son utilisation permet surtout d'effectuer des mesures astronomiques.





Galaxies :
selon la mythologie grecque Hera laissa s'écouler quelques gouttes de lait qui s'éparpillèrent dans le ciel (galaktos lait ) au XVIe siècle on procède à sa première dénomination pour désigner le « ruban diffus de lumière qui barre le ciel d'un horizon à l'autre » le trésor des sciences . En 1610 Galilée découvre que cette bande était formée de milliers d'étoiles qu'on ne pouvait malheureusement pas distinguer à l’œil nu

En 1924 Edwin Hubble démontra que la voie lactée n'était pas la seule galaxie dans l'univers. Grâce au télescope moderne on peut voir 100 milliards de galaxies-une belle histoire du temps page 64-« nous croyons connaître notre univers mais l'aventure de sa connaissance n'en est encore qu'à ses balbutiements par exemple à l'oeil nu nous pouvons voir environ 5000 étoiles soient 1/100 000e des étoiles de notre galaxie. Que penser alors des trous noirs, masses invisibles directement mais qui existent puisqu'elles exercent une force gravitationnelle sur les étoiles. On suppose que 30 % de la masse de l'univers est constituée de trous noirs.

La lumière fut longtemps considérée comme une qualité de l'espace, se déplaçant instantanément. C'est en 1676 que Roemer mesura sa vitesse soit 300 000 km seconde. Conséquences considérables pour astronomes et philosophes, la lumière qui nous vient du ciel nous donne une image du passé. Distance Soleil -Terre huit minutes distance Andromède- Terre 2250 ans. À part le soleil, l'étoile la plus proche est Proxima du Centaure : quatre années lumière. Il faudrait 10 000 ans à un vaisseau spatial actuel pour l'atteindre. En 1676 l'astronome danois Ole Christenoen Roemer découvrit le premier que la lumière voyage à une vitesse très élevée mais finie. Cette découverte fut le résultat de l'observation de Jupiter et de ses satellite: »et ayant constaté que les éclipses de Jupiter apparaissaient plutôt pendant les périodes de l'année où la Terre se rapprochait de l'orbite de Jupiter, et plus tard quand elles s’en éloignaient, il se servit de cette différence de temps pour mesurer la vitesse de la lumière. Il évalua cette vitesse à 225000 km secondes quand la vitesse correcte est 300 000 km seconde. »
Une belle histoire du temps page 39


On suppose que la lumière venant des astres se propage en ligne droite. Si on mesure deux angles et que l'on dispose d'une base terrestre on peut déterminer la distance de l'astre. Aristarque de Samos utilisa cette méthode environ en 260 avant Jésus-Christ pour calculer les distances de la lune et la distance du Soleil. Des expéditions modernes seront montées en 1761 et 1769 pour observer depuis deux points terrestres une éclipse Vénus / soleil et déterminer la distance de Vénus.


Jusqu'au XVIIe siècle le cosmos est compris comme une sphère parfaite et les astres décrivent des cercles. Kepler rompt avec la tradition. Il bénéficie des théories de Copernic et il énonce la première loi : les planètes ne décrivent pas des cercles mais leurs trajectoires sont elliptiques. Et le soleil n'occupe que le centre de l'univers. Il n'est qu'un des deux foyers de l'ellipse .


Newton montra que ce mouvement résultait du phénomène de la gravitation et de l'accélération qui en résulte.

La deuxième loi
se rapporte à la vitesse de parcours de l'ellipse : le segment joignant la planète au Soleil balaie des surfaces égales en des temps égaux cela implique une grande vitesse lorsque la planète est près du soleil et une vitesse minimale quand elle est plus éloignée.
Troisième loi
dite loi harmonique le rapport du carré de la période orbitale-durée d'une révolution complète autour du soleil-au cube de la distance moyenne au soleil est une constante qui ne dépende pas de la planète choisie
.


Kepler 1571 -1630





La terre vue d'Appollo 17


Preuve de la rotondité de la Terre pour Aristote.
  • Si la Terre était un disque plat l'ombre ne serait ronde que lorsque l'éclipse aurait lieu au moment où le soleil est au centre de ce disque.
  • Dans les autres cas l'ombre serait allongée et de forme elliptique.
  • Un bateau apparaît à l'horizon on ne le voit pas tout petit d'abord puis grandissant ensuite se sont d'abord les voiles qui sont visibles puis plus tard la coque.
Chez les Grecs, dans le ciel cinq lueurs ne se déplacent pas régulièrement avec les autres. ils les appellent planètes (planète, en grec, signifie vagabond ) ce sont Mercure, Vénus, mars, Jupiter et Saturne. -Dans son traité du ciel vers 340 avant Jésus-Christ Aristote affirme que la Terre est immobile, qu’elle est au centre de l'univers et que le soleil, la lune, les planètes ,les étoiles décrivent autour d'elle des orbites circulaires.
  • Pour Ptolémée la Terre est entourée de huit sphères en rotation, chacune étant plus grande que l'autre et emboîtant la précédente. Les étoiles occupent des positions fixes et se meuvent donc toutes ensembles. Les cinq planètes, elles, non fixées parcourent des épicycles. Le seul problème c'est qu'il devait supposer que la distance Terre- Lune doublait à certaines périodes. En conséquence la lune aurait dû nous paraître alors deux fois plus grandes.
  • Pour Copernic tous les corps célestes ne tournent pas nécessairement autour de la Terre. Le soleil est au centre et lune et planètes décrivent des orbites circulaires autour de lui.
  • Galilée puis Kepler préciseront cette idée et kepler introduisit l'idée d'un mouvement elliptique et non plus circulaire
  • Il fallut attendre Newton qui introduisit l'idée de gravitation pour expliquer ce mouvement.


La Terre n'est pas plate et on le sait depuis fort longtemps. Les Grecs le savaient dès le Ve siècle avant Jésus-Christ. Première preuve lorsqu'un navire s'éloigne du port on a l'impression que le navire s'enfonce dans la mer, le mât devient de plus en plus court. Anaxagore apporte-lui une explication plus scientifique : lors d'une éclipse de Lune, l'ombre projetée de la Terre sur la lune est circulaire. Ératosthène calcule sa circonférence avec une marge d'erreur et il trouve 44 000 km. Si la Terre était ronde les habitants de l'Australie devraient tomber or ils ne tombent pas c'est parce qu'il y a une force dirigée depuis tous les points de la surface terrestre vers le centre de celle-ci



En géométrie plane euclidienne la somme des angles d’un triangle est égale à 180°
Sur une surface sphérique, les « droites » sont des « grands cercles », il n’y a pas de parallèles et la somme des angles d’un triangle est supérieure à 180° (Sur une surface hyperbolique la somme des angles d’un triangle est inférieure à 180°)

Quand on veut faire une carte de la terre, il est nécessaire de représenter sur un plan une image qui se trouve sur une sphère, deux surfaces qui n’ont pas la même géométrie. Si l’on fait le « cadastre de la ville d’Ajaccio », l’erreur commise sera minime, si la surface est grande (cartographie de l’Afrique) la carte obtenue sera fausse.Il a fallu trouver des méthodes géométriques, dites projections cartographiques, pour représenter la sphère sur un plan


L astronomie du fait même de son objet est l'expression de la recherche de cette beauté. Le grec cosmos désigne la beauté, l'ordre, l'ornement. Le cosmos désigne la beauté du ciel - mais aussi la beauté ou l'ordre d'une armée susceptible d'impressionner l'armée adverse-le monde est agréable à voir, non, ordonné. Cette beauté nous la retrouvons dans les images que nous donnent ces télescopes et en particulier les télescopes spatiaux. Qui ne s’est extasier devant les images livrées par Hubble. Mais ces images retracent- elles la réalité ? Qu'en est-il des couleurs de ces images, comment ont-elles été choisies? La perfection sera remise en cause avec la découverte des taches solaires en 1612. Elles avaient déjà été observées au IVe siècle avant Jésus-Christ mais n'étaient pas objets d'études et la théorie aristotélicienne de l'immutabilité du ciel empêchait de voir le phénomène. Percevoir n'est-ce pas juger. Dès lors le soleil n'est plus incorruptible.


L'éclipse de 1919 permit de trancher entre la thèse de Newton et celle d'Einstein. Suivant que la valeur de l'angle selon lequel se déplacent les images des étoiles proches du soleil serait de 1.9 secondes d’angle(Einstein) ou de la moitié(Newton) il serait possible de trancher. La prédiction d'Einstein aurait dû être vérifiée lors de l'éclipse de 1915 mais le contexte de la première guerre mondiale ne l'avait pas permis.




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Qu'est-ce que la philosophie?

Le mot philosophie a d’abord un sens très général, curiosité, tout effort pour développer la culture intellectuelle. Le philosophe aime la vérité sous toutes ses formes et c’est dit-on Pythagore qui en aurait donné une définition précise . la sagesse qu’aiment les philosophes a un aspect théorique : la science ( ils s’interrogent sur la formation de l’univers, l’apparition de l’homme, la matière, les phénomènes terrestres et célestes, … et un aspect pratique la sagesse qui englobe la pratique de la vertu et la prudence dans la conduite de la vie. C’est avec Socrate que la conception de la philosophie se modifie.
Selon Cicéron «  il fit descendre la philosophie du ciel sur la terre , et la fit entrer dans les maisons et les cités ».On s’intéresse alors à la morale et à la politique. Et la philosophie semble perdre son universalité mais elle sera très rapidement réinstaurée avec Platon et Aristote. La philosophie devient la science souveraine , elle est le couronnement de toutes les sciences.
Bon nombre de comparaison mettent en évidence l’universalité et l’unité de la philosophie. Elles sont rapportées par Diogène Laerce exemple : la philosophie est comme un œuf : la coquille est la logique, le blanc la morale, le jaune est la physique ou bien la philosophie est comme un animal : les os et les nerfs sont la logique, la chair est la morale, l’âme est la physique
Pythagore nomme « philosophoi » ceux qui s’intéressent aux choses de la nature. Platon écrit :
« Merveille est le commencement de la philosophie » (Théétète 155d),
Aristote son élève affirme que
« c’est l’étonnement qui comme aujourd’hui conduisit les premiers penseurs aux spéculations philosophiques »
Cet émerveillement, cet étonnement sont source de curiosité (fille de l’inquiétude) , et engendrent la réflexion. Pourquoi les choses sont-elles ainsi ? Quelle est leur origine ? Qu’est ce qui en compose la matière ? Qu’est ce qui est susceptible de les faire évoluer, les altérer voir les détruire ? Autant de questions auxquelles il faut tenter de donner des réponses. Le philosophe et tout homme qui pense en général ne se contente pas des apparences des choses ( Platon république livre VII « l’allégorie de la caverne ») il veut savoir, il veut des explications mais elles ne seront peut-être pas rationnelles dans un premier temps.
Être étonné, selon l’étymologie (latin attonare) c’est être frappé du tonnerre, d’ou il ressort un état de stupeur.. et peut-être de paralysie. c'est en effet l'étonnement qui poussa comme aujourd'hui les premiers penseurs aux spéculations philosophiques.
" Au début, leur étonnement porta sur les difficultés qui se présentaient les premières à l'esprit ; puis, s'avançant ainsi peu à peu ils étendirent leur exploration à des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil et des Étoiles, enfin la genèse de l'Univers. Or apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance c'est pourquoi même l'amour des mythes est, en quelque manière, amour de la Sagesse, car le mythe est un assemblage de merveilleux. Ainsi donc, si ce fut bien pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, c'est qu'évidemment, ils poursuivaient le savoir en vue de la seule connaissance et non pour une fin utilitaire. Et ce qui s'est passé en réalité en fournit la preuve : presque toutes les nécessités de la vie, et les choses qui intéressent son bien-être et son agrément avaient reçu satisfaction, quand on commença à rechercher une discipline de ce genre - Je conclus que, manifestement, nous n'avons en vue, dans notre recherche, aucun intérêt étranger. Mais, de même que nous appelons libre celui qui est à lui-même sa fin et n'existe pas pour un autre, ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit une discipline libérale, puisque seule elle est à elle-même sa propre fin."
ARISTOTE,
L’étonnement dont nous parle Aristote au 4e siècle avant J.C n’est pas à confondre avec la stupeur qui rend l’esprit stérile , il est à entendre au sens d’un ébranlement moral face à ce qui est inhabituel, extraordinaire mais aussi face à ce qui est ordinaire , un fait banal, mais qui ne reçoit pas immédiatement d’explication. Tout peut nous étonner et tout est digne de réflexion

«  en toutes les parties de la nature il y a des merveilles ; on dit qu’Héraclite , à des visiteurs étrangers qui, l’ayant trouvé se chauffant au feu de sa cuisine hésitaient à entrer ,fit cette remarque : « Entrez, il y a des dieux aussi dans la cuisine » .
Aristote les parties des animaux LivreI chap. 5 644b-645a


les premiers penseurs vont donc réfléchir pour satisfaire cette curiosité et au fur et à mesure que les premières interrogations seront satisfaites ( explications irrationnelles, mythes ou lois des phénomènes) elle se déplacera : de la nature environnante, le visible, les difficultés les plus apparentes – ceux qui s’interrogent sur la nature Pythagore les nomme philosophoi. Le philosophe n’est donc pas le sage mais celui qui recherche cette sagesse. Il est l’amant se la sagesse
«La qualité de sage ne convient à aucun homme mais à dieu seul. »
c’est assez pour la gloire de l’homme d’aimer et de poursuivre la sagesse.  puis on se tournera vers le visible mais moins proche : le ciel, les étoiles ce qui donnera naissance à l’astronomie pour en arriver à rechercher l’origine invisible de ce qui est visible et le développement de la cosmogonie pour en arriver au dernier degré : la métaphysique ( question de l’être en général) Bien avant le développement de la philosophie , les hommes avaient déjà tenté d’apaiser leur curiosité avec des explications irrationnelles : les mythes . Le muthos (parole, récit) est opposé au logos ( parole mais parole au sens de « verbe » raisonné ou de raisonnement). Le mythe à cependant ses « raisons » . Il tient lieu d’explication
Cependant le merveilleux y est représenté par des êtres surnaturels , le mythe est affirmatif, stable dans le temps , là ou la philosophie évolue sans cesse et arrive même à s’étonner des savoirs acquis antérieurement. Dans le livre I de la métaphysique Aristote met en évidence les caractères communs à la philosophie et aux mythes : l'étonnement et la reconnaissance de l'ignorance .il établit le lien entre philomuthos et philosophos. Les mythes relèvent de la vérité rapportant et tentant d'apporter une explication certes irrationnelles à des faits s’étant réellement déroulée. Les hommes veulent savoir …pour savoir et la philosophie n’est donc pas mercenaire, d’ou sans doute tous les reproches qui lui seront adressés. les grecs opposent la poësie c’est à dire éthymologiquement l’acte de faire , à créer ce qui n’était pas, à la science . La science a pour objet le nécessaire c'est-à-dire pour reprendre Aristote dans la métaphysique livre cinq chapitre V. 1015a 34« ce qui ne peut pas être autrement qu'il n’est » il ajoute dans la rhétorique 1422 a 19 » le nécessaires ne saurait être ou pouvoir de notre action ». Par conséquent il est exclusivement objet de contemplation. C'est l'art qui s'occupera de l'action. La philosophie et les sciences en général ne peuvent donc apparaître que lorsque les hommes ont réussi à donner satisfaction à leurs besoins matériels. La science et la philosophie sont déjà la preuve de la conquête de la liberté sur la nécessité matérielle. Elles sont le propre d'homme qui ont des loisirs. Il est certain que la philosophie n’apparaît pas comme une activité nécessaire à la vie. Des connaissances scientifiques, leurs applications techniques sont certainement plus profitables. D’ailleurs le goût pour la spéculation philosophique n’apparaît que lorsque les besoins vitaux sont satisfaits. Cependant si les autres sciences sont utilitaires, la philosophie a aussi son utilité,à sa façon, puisqu'elle contribue à libérer l’hommede. Elle enseigne une attitude désintéressée et délivre de cette dépendance que constitue l’ignorance. Hegel écrit à ce propos dans l’Esthétique :
 « L’ignorant n’est pas libre parce qu’il se trouve en présence d’un monde qui est au dessus et en dehors de lui, dont il dépend, sans que ce monde étranger soit son oeuvre et qu’il s’y sente comme chez lui. »
.
Descartes ,dans les principes de la philosophie, en 1644 écrit:
 si « (......) c’est proprement avoir les yeux fermés sans tacher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ;et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n’est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu’on trouve par la philosophie ;et enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie que n’est l’usage de nos yeux pour guider nos pas. »
La philosophie se présente donc comme la recherche de la vérité , elle ne peut être l’expression d’une simple opinion. L'opinion s’oppose à la vérité. Elle peut conduire à l'erreur elle ne se fonde pas sur une connaissance de ce qui est. Elle se contente des apparences de la connaissance sensible des témoignages de la croyance. Bachelard écrit dans la formation de l'esprit scientifique l'opinion pense mal elle ne pense pas.
L'esprit scientifique en pratiquant la rupture épistémologique se détourne de vous de l'expérience première,(pour Bachelard c'est le premier obstacle épistémologique à surmonter elle est engluée dans les images et dans la simple perception) de la perception ,des représentations communes il faut s'arracher la doxa. Bien sûre il existe l'opinion droite dont nous parle Platon mais elle est vraie par hasard. Certains diront Peu importe l'opinion droite (ortho-doxa) n'a pas pour but de connaître mais d'agir et obtient sur ce plan les mêmes effets que le savoir Un problème se pose : la vérité ne va pas toujours dans le sens de nos intérêts ..elle peut être une entrave pour ceux qui ne songent qu’à la poursuite des richesses de la gloire et qui préféreront l’art des sophistes et la rhétorique à la philosophie et à la dialectique. la persuasion se distingue de l'argumentation dialectique par l'utilisation des effets pathétiques du discours sur le public. Son premier objectif est de toucher le cœur, d'émouvoir. Mais elle peut aussi convaincre.
En schématisant Platon reproche aux sophistes de privilégier le non-être et l’accident par rapport à l’être, de ne rechercher la vérité que lorsqu’elle leur est profitable et sinon de professer l’opinion, ils ne poursuivent pas la sagesse, pas plus que la vertu. Seule la puissance et la gloire les motivent. Aristote, exclura les sophistes de la philosophie : pour lui, ils ne font que du bruit avec la bouche mais ne disent rien.
La curiosité n’est pas le propre de l’adulte qui veut savoir. L’enfant dès qu’il commence à parler , harcèle son entourage avec le fameux «  pourquoi ? ».A une question succède une autre question -sorte de régression à l’infini qui pose tant de problèmes à ceux qui veulent bâtir l’édifice du savoir et qui conduit parfois au scepticisme)- comme si sa curiosité était insatiable.
Bon nombre d’hommes conservent cette curiosité tout au long de leur existence et c’est sans doute grâce à cela que la science a pu progresser
« Je n’ai pas de devoir plus important que d’être passionnément curieux »
disait Einstein. Les élèves posent beaucoup de questions à leurs enseignants : pour eux, si ils sont les détenteurs du savoir et sont là pour le communiquer ..mais parfois c’est par paresse qu’ils s’adressent à eux. Cela leur évite d’avoir à chercher par eux-mêmes, d’avoir à penser par eux – mêmes d’avoir à se servir de leur propre entendement
"Sapere aude ! (Ose penser) Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.
La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes, après que la nature les a affranchi depuis longtemps d’une direction étrangère(naturaliter majorennes), reste cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu’il soit facile à d’autres de se poser en tuteur des premiers. Il est si aisé d’être mineur ! Si j’ai un livre qui me tient lieu d’entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc., je n’ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même. Je n’ai pas besoin de penser pourvu que je puisse payer ; d’autres se chargeront bien de ce travail ennuyeux. Que la grande majorité des hommes (y compris l’ensemble du beau sexe) tienne aussi pour très dangereux ce pas en avant vers leur majorité, outre que c’est une chose pénible, c’est ce à quoi s’emploient fort bien les tuteurs qui très aimablement ont pris sur eux d’exercer une haute direction sur l’humanité. Après avoir rendu bien sot leur bétail et avoir soigneusement pris garde que ces paisibles créatures n’aient pas la permission d’oser faire le moindre pas, hors du parc ou ils les ont enfermé. Ils leur montrent les dangers qui les menace, si elles essayent de s’aventurer seules au dehors. Or, ce danger n’est vraiment pas si grand, car elles apprendraient bien enfin, après quelques chutes, à marcher ; mais un accident de cette sorte rend néanmoins timide, et la frayeur qui en résulte, détourne ordinairement d’en refaire l’essai."
Kant. Réponse à la question : qu’est ce que les lumières ?

Il est si facile de se nourrir de la pensée des autres. Il est vrai qu’aujourd’hui du fait du grand nombre de médias et de la multitude d’informations diffusées quotidiennement il est difficile de faire la différence entre « savoir et savoir que ». développement dangereux d’un pseudo savoir que redoutait Descartes Ce qui importe à Descartes, ce n’est pas l’utilité de connaissances diverses, mais la solidité d’un savoir.
Savoir et être vraiment instruit, ce n’est pas seulement connaître beaucoup de choses, même « fort utiles », c’est connaître quelque chose de vrai et le connaître de façon certaine.
Au regard de cette exigence philosophique d’un « savoir parfait », toute cette culture du vraisemblable apparaît comme une ignorance et ne répond pas à la rationalité dans la connaissance et dans la conduite.
Tout ce « cours d’études » ne peut prétendre nous faire savoir avec clarté et certitude ce qui est vrai et ce qu’il faut entreprendre.
Cette instruction ne vaut finalement pas plus que les « mauvaises doctrines », alchimie, astrologie, magie, qui nous égarent dans notre conduite, nous trompent et ne nous font rien savoir, car

« rien ne me semble plus absurde que de discuter hardiment sur les mystères de la nature, sur l’influence des cieux sur notre terre, sur la prédiction de l’avenir et autres choses semblables, comme font beaucoup de gens, et de n’avoir cependant jamais cherché si la raison humaine est capable de découvrir ces choses» (Règle 8).
La connaissance se transforme en information, le savoir en savoir-faire. Accumuler des connaissances ce n’est pas savoir. Pour savoir suffit-il d’ingurgiter, d’accumuler des bribes de savoir ou est ce penser 
? Montaigne ne dit-il pas qu’ « instruire c’est former le jugement » et Kant "On ne peut donc, parmi toutes les sciences rationnelles ( a priori) apprendre seulement que la mathématique mais jamais la philosophie( si ce n’est historiquement) : en fait, pour ce qui concerne la raison, on ne peut apprendre tout au plus qu’à philosopher ……on peut seulement apprendre à philosopher, c’est à dire exercer le talent de la raison dans la mise en oeuvre de ses principes universels à la faveur de certaines tentatives qui se présentent, même si se trouve toujours réservé le droit qu’à la raison d’examiner ces principes eux-mêmes quant à leurs sources, pour les confirmer ou les rejeter."
Kant critique de la raison pure

Qu’est ce qui conduit alors l’homme à la passivité ? sans doute la paresse et la lâcheté mais peut-être aussi des causes externes et si jadis il était possible d’incriminer le pouvoir politico-religieux – nous ne vivons plus à l ‘époque de Galilée-aujourd’hui dans notre société c’est vers d’autres horizons qu’il faut se tourner.. Télévision, jeux-vidéos, Internet.. Confortablement installé chacun peut prendre connaissance des programmes télévisés .Et il est possible de visionner de magnifiques films retraçant les origines de la vie, de l’humanité.. en oubliant qu’une seule chose, tellement leur réalisme semble frappant, c’est qu’il s’agit malgré tout de fictions même si les travaux des chercheurs ont été mis à contribution afin de les rendre crédibles. C’est l’heure des informations , toujours devant le petit écran , à qui vient-il à l’esprit que tout fait avant d’être relaté est passé à travers le prisme de l’esprit du journaliste et de ses intentions plus ou moins conscientes. Qui douterait des informations diverses glanées sur Internet ?
Ou est la réalité ? ou est le vrai ? ou est l’illusion ?
C’est encore plus évident avec les jeux vidéos. Quelle est la valeur des images .L’artificiel est aussi artificieux, trompeur et la technique peut induire ruse et mensonge.
Dans le monde virtuel tout est possible , mais le possible n’est pas le réel. Encore une fois Kant illustre bien cela avec l’exemple des thalers mais, dans le monde réel, n’est possible que ce qui est conforme aux lois de la nature Si Descartes affirme dans le discours de la méthode que grâce à la technique «  nous allons nous rendre comme maître et possesseur de la nature » Bacon précisait « on ne commande à la nature qu’en lui obéissant ». on ne commande pas un effet sans condition , et on en peut provoquer l’effet désiré qu’en agissant sur les causes connues. Changer l’ordre des choses c’est créer mais ce peut être aussi détruire.
Ne risque t-on pas alors de détruire la nature elle-même et de changer notre regard sur elle ?.
Les premiers philosophes voulaient connaître pour mieux contempler la nature, il n’était pas question de chercher à transformer « dame nature » qui état divinisée , a contrario aujourd’hui la nature est réduite comme le dit si bien Heidegger à un ensemble d’ « ustensiles ». Un ustensile est fait pour être utilisé et lorsqu’il ne remplit plus sa fonction on le jette. La science change d’orientation. On ne cherche plus à connaître pour connaître mais pour agir, on veut que la science soit utile, efficace. Confondant ainsi bien souvent science et technique. Cette dernière que Lalande définit ainsi : "Les techniques sont des procédés bien définis et transmissibles destinés à produire certains résultats jugés utiles". 
Dès le XVIIeme siècle les techniques se sont développées à partir des connaissances scientifiques. Jusque là la technique était essentiellement basée sur des savoir-faire et non sur des savoirs. Les Grecs séparaient tekhné et épistèmê. C'est avec Galilée que la conception de la science change. Il est à la fois ingénieur et savant.
Chercher à connaître le réel n'est pas la même chose que chercher à le maîtriser ou à le modifier d'une manière déterminée à l'avance par la mise en œuvre de moyens appropriés.
la science est contemplative, la technique est de l'ordre de l'action l'homme a d'abord inventé les techniques pour survivre. -et ce faisant, il s'est inventé lui-même Bergson ne dit-il pas de l'homme qu’il est homo-Faber-, les techniques de production, de transformation, et a développé la volonté de maîtrise. 
La technique qui découle de la science nous offre ces possibilités Descartes 6eme partie du discours :" Au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie ; car même l'esprit dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps, que, s'il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher." Descartes envisage cette efficacité mais il ne cautionne pas la politique du n’importe quoi en matière d’application des découvertes scientifiques. Est vrai ce qui est utile ou ce qui réussit… Monde où nous pourrions ici faire référence au pragmatisme de William James qui dissout la vérité dans la pratique et dans l'utile.
L’utile l’emporte et notre savoir est-il alors encore savoir ? ne ressemblerait-il pas plutôt à une sorte d’opinion ?

Pour agir,avons nous besoin de connaître la chose en totalité?deux ou trois caractères suffisent peut-être mais la chose perd alors son individualité au profit d ela généralisation.Bergson écrit en le déb nonçant :"n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des actions appropriées." « La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion; de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort. L'opinion pense mal; elle ne pense pas: elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion: il faut d'abord la détruire » écrit Bachelard.
L’homme lui même ne risque t-il pas de s’y perdre ? un des domaines de la réflexion philosophique concerne la finitude humaine :la mort, le temps et l’espace en sont quelques manifestations . la technique ne modifie t-elle pas notre rapport au temps ? rapidité des déplacements, des communications. Notre rapport à la mort ? n’en repousse t-on pas chaque jour l’échéance ( l’espérance de vie c’est accrue considérablement), ne trouve t-on pas des moyens de masquer les signes du vieillissement ?….Les obstacles et contraintes semblent disparaître. Tout est possible et nous pouvons rêver….Nous avons une foi totale dans la technique et dans les moyens qu’elle nous fourni.. cela n’a pas toujours été le cas . ainsi lorsqu’à padoue, Galilée a l’idée de pointer une lunette vers le ciel il voit des choses que l’on n’a jamais vu : des cratères sur la lune, des tâches solaires, des satellites de Jupiter. Cette première observation artificielle suscite la réaction du peuple : ce que l’on peut voir avec cette instrument existe t-il véritablement ? et si l’instrument était responsable de ce que l’on pouvait découvrir ?
Certaines personnes ont douté du premier alunissage en 1969 mais aujourd’hui le moindre doute ne paraîtrait-il pas saugrenu ? aujourd'hui, le scientisme guette l'homme: il a foi en la science et oublie que les questions philosophiques sont encore d'actualité: science et philosophie, comme par le passé doivent continuer à marcher la main dans la main.



L’astronomie chez les Grecs.
Socrate, Aristote, Platon… ces noms vous évoquent certainement quelque chose mais les connaissez vous non pas en tant que philosophes mais en tant qu’astronomes ?
Depuis des millénaires, ces philosophes se sont d’abord intéressés aux choses terre à terre, aux choses qui nous environnaient tel que le cosmos (la nature). Puis petit à petit, ils se sont érigés vers les belles idées pour atteindre la métaphysique. Aristote disait : « c’est en effet l’étonnement qui poussa comme aujourd’hui les premiers penseurs aux spéculations philosophiques ». De nos jours, pour résoudre cet étonnant mystère qu’est l’univers les astrophysiciens élaborent les scénarios les plus fous, que des observations pourraient bientôt valider.
Définition de l’astronomie : C’est la science de l'observation des astres, à partir de laquelle elle établit l'origine, l'évolution, les propriétés physiques et chimiques des astres, la mécanique céleste. Astronomie vient du grec αστρονομία (άστρον et νόμος) ce qui signifie loi des astres. L'astronomie est l'une des rares sciences où les amateurs peuvent encore jouer un rôle actif. Elle est en effet pratiquée à titre de loisir auprès d'un large public d'astronomes amateurs : les plus passionnés et expérimentés d'entre eux participent à la découverte d'astéroïdes et de comètes.

Quels sont les premiers philosophes grecs à avoir réfléchi sur l’énigme de l’univers ?
Thalès (640-562) a été le premier à dire que la terre était un disque circulaire flottant comme un morceau de bois sur une sorte d’océan. Son disciple, Anaximandre (611-545) a placé la terre au centre de l’univers.
Un siècle et demi plus tard Anaxagore (499-428) a donné la première explication exacte des éclipses de Lune.
Vers la fin du VIeme siècle av J.C, Pythagore a supposé que les différentes planètes tournaient autour de la terre. Parménide a supposé que la terre était sphérique car la sphère « est le volume le plus parfait », supposition validée dans le temps.
Philolaos (450-400) est sans aucun doute le pythagoricien le plus intéressant pour l’astronomie. Il a avancé que le soleil n’était qu’un astre tournant autour du feu central où trône Zeus, et que la terre était elle aussi mobile, décrivant en 24 heures un cercle autour de ce soleil. Dans ces écoles ioniennes et pythagoriciennes les découvertes sur la terre ont évolué, mais malgré le faite qu’elle soit sphérique elle n’est pas forcément au centre de l’univers.
Nous allons maintenant nous intéresser à l’école d’Athènes où les plus grands philosophes et aussi astronomes ont réfléchi sur l’astronomie mais de manière plus mathématique.
Aristote (384-322 av J.C) devait être le plus précis. Il a réfléchi sur la nature physique des sphères d’Eudoxe [élève de Platon qui a étudié le mouvement des planètes et sa représentation par la seule utilisation de mouvements circulaires et uniformes.] et sur la raison de leur mouvement. Il a introduit des mécaniques à rouages reliant les sphères les unes aux autres. Héraclide du Pont (388-315) a été le premier a avoir l’idée de faire tourner la terre sur elle-même pour expliquer le mouvement des étoiles (il a fait tourner Vénus autour du soleil et non pas autour de la terre). On le considère comme l’astronome le plus important de cette école d’Athènes.
Il y a eu encore beaucoup de philosophes-astronomes grecs qui ont réfléchi sur la question de l’univers mais celui qui a le plus marqué son temps et qui a donné la signification la plus exacte sur l’astronomie et ses composants est Aristarque de Samos (290 environ). En plus d’affirmer que la terre était loin d’être fixe, elle tournait aussi sur elle-même en décrivant une orbite circulaire autour du soleil, qui devient le centre de tous les mouvements ; cela explique l’alternance des saisons.
La civilisation grecque est sans conteste à l’origine de la pensée scientifique, en plus d’avoir posé les bases des mathématiques indispensables au développement de l’astronomie elle a validé les hypothèses contemporaines. Mais l’univers regorge encore de mystères que les futures physiciens, scientifiques, astronomes et même philosophes tenteront d’élucider plus tard. Néanmoins, il est intéressant de laisser une part d’énigme car cela contribue à alimenter l’imagination des hommes.

LA SCIENCE GRECQUE
Les grecs sont les premiers hommes à expliquer les lois de la nature avec l’aide de leurs études ; sans se fier aux traditions.
Thalès de Milet - au même instant (624-565 AV JC) fût le premier à essayer d’expliquer les modifications observées dans le ciel. En 585 av JC, il s’illustra en annonçant une éclipse de soleil.
C’est grâce à l’observation des phénomènes qui se répètent sans cesse dans le ciel, autrement dit : chaque nuit les étoiles sont présentes, tous les matins le soleil se lève à l’Est et se couche à l’Ouest qu’Anaximandre(1) déduisit que tout était en rotation au dessus de nos têtes.
Les grecs furent encore les premiers à remettre en cause l’apparence de la Terre (croyance en terre plane). C’est lors d’une éclipse de Lune (aux alentours du Vème siècle) que fut aperçu la sphéricité de l’ombre de la Terre ; Une prise de conscience importante.
A partir de cet événement, le premier modèle de la représentation de la Terre fut proposé. La forme de l’Univers était creuse avec la terre en son centre, son nom : « la sphère céleste ». (Cette conception fut soutenue par les plus grands penseurs de l’époque.)
Un modèle basé sur la physique fut proposé par Aristote (384-322 AV JC), il restera valable jusqu’au Moyen-Âge. La matière est hiérarchisée en fonction de quatre éléments : AIR, EAU, FEU, TERRE. Un cinquième élément est présent : L’Ether ; il est en relation « constante et éternelle » autour du centre de l’Univers, il en est le plus éloigné, englobant les quatre éléments. Environ un siècle après, Eratosthène(2) mesure précisément pour la première fois le méridien terrestre.
La conception du monde, n’était à l’époque pas si parfaite : le mouvement des astres n’était pas régulier et certains même allaient dans un sens a « contre-courant ».
Les astronomes ont donc essayés de rendre plus complexe l’explication du mouvement des astres. À l’époque le modèle « sur » et « parfait » était la sphère, et c’est donc sur lui que reposent nombreuses théories. Le système qui allait s’imposer après plusieurs siècles de recherche fut celui de Ptolémée.
-Anaximandre(1) : Philosophe grec (610 - 547 av. J.-C).; il fut le disciple et l'ami de Thalès. Il écrivit le premier un ouvrage didactique de géométrie, dont il ne reste plus rien. Il employa probablement le gnomon pour déterminer la hauteur du Soleil.
Anaximandre est un des premiers a avoir imaginé des sphères de cristal dans le but d'expliquer le mouvement des astres. Sa philosophie est davantage plus élaboré que celle attribuée à Thalès.
-Eratosthène(2) : (276 – 194 AV JC) Géomètre, astronome, géographe, philosophe et poète. il a côtoyé les disciples de Platon à Athènes. Devenu aveugle, il serait décédé à 82 ans faut de nourriture. Ce fut le premier a savoir mesurer un degré méridien.



Sources :
  • http://clubastronomie.free.fr/
  • http://www.cosmovisions.com
 
1. Conférence du 29 septembre 2005 "des éxoplanètes aux trous noirs"

2. Pierre Léna

4. Une partie du public le 29 septembre

5. Les invités lors de la réception au Lycée Laetitia Bonaparte

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9. La classe à PAC

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<11.Les élèves de la classe à PAC: Philosophie et astronomie : "Thalès"
 
1. Devant le palais des congrés

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4. Quelques explications..

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10. L'équipe du club d'astronomie

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LIENS

La main à la pâte

Observatoire de Paris Meudon

l'astronomie grecque

l'astronomie dans l'antiquité

Astronomie pour IUFM

Bref historique de l'astronomie antique

Aristote

Astronomie antique et médiévale

L'astronomie et son histoire

Journal de l'astronomie et de l'espace

Pages sur l'astronomie

La physique sans les formules ...