Le projet rentre dans
sa douzième année
Au programme :
La conquête de l’espace….à quoi ça sert ?
"Partir à la conquête de l'espace aura un effet encore
plus grand. Cela va changer complètement l'avenir de la race humaine, et
peut-être même déterminer si nous avons un avenir" Stephen Hawking
Si les engins spatiaux sont des engins qui permettent à l’astronome, à l’astrophysicien de mieux explorer et donc de mieux connaître l’univers (de l’infiniment grand à l’infiniment petit), ils sont aussi des outils permettant d’observer la terre et d’étudier certains phénomènes qui ont des incidences sur la biodiversité (nuages, évolution des conditions météorologiques, épaisseur de la couche d’ozone, hauteur des océans, etc.. ) et de gérer les ressources naturelles.
Ils permettent aussi d’affiner nos connaissances dans le domaine de
l’exobiologie et de tenter de répondre aux questions sur l’origine
extra-terrestre de la vie et. peut-être son
devenir (vivre ailleurs que sur la terre), sans oublier leur fonction dans les
télécommunications
Septembre /Octobre 2014
Une entrée en matière intense avec la
participation à la « fête de la science »
Ø
1 conférence de Lucien Luciani (C3A) :
« voyage dans l’univers »
ü
Mardi 30 septembre 2014 à 15h (conférence élèves)
Ø
1 conférence de Jean-Pierre Roux (C3A) : La conquête de
l’espace….à quoi ça sert ?
ü
Mardi 7 octobre 2014 à 15h (conférence élèves)
Ø
Jeudi 9 octobre Participation avec les élèves de seconde à la journée
« Fête de la science » à Corte
Ø
Soirée présentation des télescopes et observation du ciel
ü
Vendredi 10 octobre 2014 à partir
de 21h30 ,en partenariat avec le club d’astronomie
(C3A)sur le grand site de la Parata .
Ø
2 conférences de Christian Curtil
(CPPM) : « les rayons cosmiques : l’astronomie de
l’extrême »
« Pourquoi de l’extrême : Extrêmement petit : Ce sont des
particules subatomiques voir des particules élémentaires.
Extrêmement grand : Proviennent du cœur des étoiles ou du centre des galaxies.
Extrêmement
catastrophique : produit par des explosions d'étoiles, des noyaux actifs de
galaxie ou le vestige du big bang.
Extrêmement
énergétique : certains rayons cosmiques sont 10 000 fois plus énergétiques que
les particules les plus énergétiques que nous arrivons à accélérer au LHC.
Extrêmement grand
(suite) : la taille des détecteurs (réseau de détecteurs) que nous devons
construire pour les étudier.etc... »
ü
Jeudi 16 octobre 2014 à
18h30 (conférence tout public)
ü
Jeudi 16 octobre 2014 à 16h (conférence élèves)
Ø
Un atelier scientifique animé
par Christian Curtil
(CPPM)
ü
Vendredi 17 octobre :Autour de la « roue cosmique » ( élèves de
terminale SI)
Ø
2 ateliers
ü
Un atelier « roue
cosmique » (détections des rayons cosmiques)
ü
Un atelier observation du soleil
Novembre 2014
Préparation
des rencontres jeunes/chercheurs du CNRS
des 4 et 5 décembre à Corte :
Recherches
sur les « 100 ans de la relativité »
Le 24 novembre Nous recevons Michel Marcelin (LAM)
Pour deux
conférences :
ü Lundi 24 à 18h30 :
conférence « tout
public » : La sonde Rosetta et le premier
atterrissage sur une comète !
« Après un voyage de 10 ans, la sonde européenne Rosetta est arrivée au mois d'août dernier aux côtés de la comète Churyoumov-Gerasimenko qu'elle accompagne depuis dans son mouvement orbital autour du Soleil. Le 12 novembre le robot Philae s'est détaché de la sonde Rosetta pour aller se poser sur le noyau de la comète, ce qui constitue une première dans le domaine de l'exploration spatiale. On montrera et on commentera les images obtenues par la sonde au cours de cette mission, dont beaucoup ont été prises avec la caméra NAC (Narrow Angle Camera) fabriquée au Laboratoire d'Astrophysique de Marseille. »
ü Lundi 24 novembre à 10h : Conférence élèves : "Le mètre, une mesure
universelle et révolutionnaire".
« Comment les astronomes Delambre et Méchain, mandatés par l'Assemblée Constituante en 1791, ont mesuré le méridien terrestre de Dunkerque à Barcelone pour définir le mètre étalon. Ils ont utilisé, pour faire leurs mesures, un appareil baptisé "cercle répétiteur" (Delambre, qui mesurait la partie nord du méridien et Méchain, qui mesurait la partie sud, disposaient chacun de deux de deux appareils et il ne subsiste qu'un seul exemplaire sur les quatre d'origine, il était conservé à l'observatoire de Longchamp et est actuellement exposé au Musée d’Histoire de Marseille).Comme je l'avais déjà écrit dans un précédent message, cela donne matière à réfléchir sur les problèmes qui se posaient à l'époque (disparité des unités de mesure d'une ville à l'autre, idée de créer une unité de mesure universelle) et sur les difficultés rencontrées par les scientifiques qui ont fait ces mesures sur le terrain en pleine période révolutionnaire, avec la guerre qui menaçait à nos frontières... »
Décembre 2014
ü Jeudi 4 décembre : la classe de
TS1 se rend à Corte afin de participer aux rencontres jeunes/chercheurs du CNRS
Départ d’Ajaccio à 07h..retour 19h
Au programme :
Ø
Une
conférence de chimie :
« En route vers une chimie et
une écologie réconciliées » Claude GRISON,
Directrice du Laboratoire de Chimie bio-inspirée et d’innovations écologiques
(CNRS/Université de Montpellier 2/Stratoz), médaille
de l’innovation du CNRS 2014
Ø
Une exposition de
cristallographie :
réalisée dans le cadre de
l’Année internationale de la cristallographie Animée par Gerlind
SULZENBACHER, Ingénieur de Recherche au Laboratoire Architecture et Fonction
des Macromolécules Biologiques (CNRS/ Aix-Marseille Université)
Ø
Un atelier sur la relativité
ATELIER 1 - 100 ANS DE RELATIVITÉ GENERALE : DU BIG-BANG AUX TROUS NOIRS
En 2015, nous commémorerons les 100 ans de la relativité générale,
cette théorie relativiste de la gravitation et de l’espace-temps, fruit du
travail quasi-solitaire d’Einstein entre 1907 et 1915, est aujourd’hui un des
piliers sur lequel repose la physique théorique. L’atelier sera l’occasion de
présenter cette théorie et de décrire ses apports récents en astrophysique et
en cosmologie mais aussi de parler de ses limites et d’envisager ses
prolongements dans le cadre de son unification avec les interactions
fondamentales décrivant les particules élémentaires.
Responsable : Antoine FOLACCI, Professeur de Physique, Laboratoire
Sciences Pour l’Environnement (CNRS/Université de Corse)
Intervention : « À la recherche du temps relativiste », Marc
LACHIEZE-REY, Directeur de recherche au Laboratoire Astroparticule
et Cosmologie (CNRS/Université Paris 7 Denis Diderot/CEA/Observatoire de
Paris/CNES)
Les élèves ont contribué à cette exposition en réalisant 3 panneaux
permettant de comprendre l’évolution de la notion de mouvement d’Aristote à
Galilée
ü Vendredi 5 décembre :Conférence de Marc Lachièze-Rey à destination des TL2 et 2nde13 :
Initiation à la cosmologie
2015
Janvier/février
Les élèves travaillent sur la
motorisation de la roue cosmique afin d’améliorer la détection des rayons
cosmiques et préparent l’atelier « fusées à eau » pour la classe de
CM1
Mars
Les conférences reprennent et le
voyage annuel approche (30 mars-1er
avril)
ü
Jeudi 12 mars : conférence de Dominique Barbolosi à
destination des 2nde 13 :« la
recherche scientifique : une fabuleuse histoire de l’humanité
ü
Vendredi
20 mars : nous avons eu la chance de pouvoir observer l’éclipse…
Jeudi 26 mars : les terminales S1 reçoivent les élèves de CM1 de
l’école de Mezzavia au programme : « des
fusées et …des seiches »
Voir doc en annexeinachevé
Lundi 30 mars le grand moment tant attendu est enfin arrivé après bien
des incertitudes : le voyage qui nous conduira à affiner notre quête de
l’infini
Voyage 2014-2015
Le programme
30 mars
Départ d’Ajaccio à : 7h15
Arrivée à Marseille à : 8h05
visite de Cadarache de 10h à 17h30
Ø 10h : arrivée à Cadarache
Ø 10h30-11h15: présentation en salle avec maquette
Ø 11h15-12h : visite du chantier réacteur d’essai et d’exploitation
RJH (Réacteur Jules Horowitz)
Ø 12h-13h : déjeuner
Ø 13h30-14h: tour du centre
Ø 14h-15h: visite de Tore Supra
Ø 15h-17h30: visite du chantier ITER
Ø Nuit à l’OHP
31 mars
Ø Départ de l’OHP 06h15
Ø Participation à la masterclasse
physique des particules à L’université de Luminy de
9h à 18h
Ø Retour à l’OHP
Ø 21h30-00h30 : soirée d’observation au centre
d’astronomie de ST Michel de Provence
1er avril
Ø 10hVisite des instruments en compagnie de Jean-Pierre Sivan
Ø 11h visite de la station de géophysique
Ø 14hConférences
Ø 16h30 départ pour l’aéroport
Ø Arrivée à Ajaccio 22h
30 mars 2015
Cadarache ITER
Cadarache
Après un
lever aux aurores et un vol
Ajaccio-Marseille nous prenons le bus direction le site de Cadarache.
Ce site s’étalant sur 900 hectares regroupe 5500
travailleurs et appartient au réseau des centres CEA. Il se situe aux confins de 3 autres départements :
le Var, le Vaucluse et les Alpes de Haute Provence Les centres CEA ont été créés par le Général De Gaulle à la fin de la Seconde
Guerre Mondiale dans le but de maitriser l’énergie nucléaire qui a conduit à la
mise au point de la bombe A. aujourd’hui la recherche est orientée vers la
recherche d’énergies alternatives, la médecine nucléaire et moins de recherche
fondamentale.
Ce réseau comprend 10 centres, dont 5 qui font de la
recherche dans le civil, et le site de Cadarache fait partie de ces derniers.
Cet organisme publique principalement financé par l’état (80
%- les 20% restant étant assumés par les industries ,
en particulier EDF et Areva. De nombreux états coopèrent.)) vise au
développement de la recherche fondamentale dans le domaine des énergies. Les
progrès réalisés sont ensuite mis au service des entreprises comme EDF, AREVA .. Les recherches effectuées concernent
l’énergie principalement l’énergie bas carbone, les technologies pour la santé,
les instruments de recherches et la défense et sécurité globalement (au niveau
de l’armement mais aussi bactériologique). Une application notable est la
scintigraphie qui aide au diagnostic médical.
Le centre de Cadarache possède 6 réacteurs, dits de test,
pour mettre au point de nouveaux réacteurs. Ce sont des réacteurs de deuxième
génération préparant la troisième génération à venir comme par exemple le réacteur Jules Horowitz
(RJH). Jules Horowitz (1921-1995 a été le pionnier et le spécialiste de la physique des
réacteurs)
Le RJH ( au dimensions gigantesques) est un réacteur à fission
ayant pour but de comprendre le
comportement sous flux neutroniques des matériaux et combustibles
(caractériser et qualifier un prototype
ou un produit industriel/étudier les situations incidentelles
et accidentelles). La fission consiste à envoyer des neutrons sur des atomes
pour diviser l’atome en deux atomes plus petits et ce faisant libérer de
l’énergie. Grace à ce processus 1 gramme de matière équivaut à 1 à 2 tonnes de
pétrole sans production de gaz à effet de serre.
Le RJH se démarque
des réacteurs de deuxième génération car le flux de neutrons y est 10 fois
supérieur et génère donc beaucoup plus d’énergie. Cependant les neutrons ne «
bombardent » pas uniquement les atomes mais aussi les matériaux du réacteur, et
tous ses constituants, ce qui peut engendrer des déformations plus ou moins
dangereuses. C’est pourquoi les différents matériaux sont testés dans des
conditions extrêmes afin de prévoir leur comportement.
Les tests sont
d’abord théoriques grâce à des simulations sur ordinateur puis ils ont lieu
dans les réacteurs de tests. De telles réactions nécessitent évidemment des
mesures de sécurité extrême. Des exercices de sécurité sont donc régulièrement
mis en place comme des mises en situation de séisme. L’Autorité de Sûreté
Nucléaire effectue également des contrôles imprévus des normes de sécurité.
Cette unité est indépendante de tout organisme pour assurer un contrôle
totalement objectif.
Après ces explications nous enchainons sur une visite, en
car, du site, qui nous permet de découvrir
l’organisation interne d’un site d’une telle ampleur. Cette visite nous
mène à Tore Supra. Il s’agit d’une machine fonctionnant par fusion nucléaire (l’énergie
des étoiles). Pour reproduire cette énergie il faut atteindre des températures
de l’ordre de 100 millions de degrés en protégeant les parois de la machine et
le plasma (gaz ionisé) à l’intérieur. Ce type de réacteur est appelé tokamak.(inventé par des russes, Igot Tamm et Andrei Sakharov, au début des années
1950 Tokamak signifie :chambre toroïdale avec bobines magnétiques)
L’installation Tore Supra est le plus grand tokamak à aimant
supraconducteur du monde. En faisant fonctionner son aimant de manière
quasi-continue, Tore Supra est capable de réaliser des plasmas performants sur
de longues durées. Il est d’ailleurs l’actuel détenteur du record de durée d’un
plasma : plus de 6 minutes. Le tokamak Tore Supra fait partie d’un programme
qui concerne un autre tokamak, basé en Grande Bretagne : JET. Il a, lui, établi
le record mondial de puissance de fusion avec 16 MW, réussissant à produire
autant que ce qu’il consommait pendant environ 10 secondes.
Suite à cette présentation nous avons pu observer Tore Supra
de près, la machine étant exceptionnellement à l’arrêt pour cause d’entretien.
Une pièce ayant dû être remplacée, elle était entreposée à
côté du tokamak. Nous avons ainsi pu nous rendre compte que ce qui était
considéré comme une petite pièce était en réalité bien plus grand que le plus
grand d’entre nous et très impressionnant.
À la suite de cette présentation du réacteur Tore Supra,
nous avons assisté à une conférence de présentation du tokamak de prochaine
génération : ITER, encore en chantier.
ITER
Tout comme Tore Supra, ITER n'a pas pour but la production,
mais la recherche pour les réacteurs de l'avenir.
Ces réacteurs fonctionnent sur le principe de la fusion
nucléaire, qui consiste en une collision de deux atomes pour en former un seul
plus massif, et libérer de l'énergie nucléaire.
Les atomes utilisés
dans les réacteurs tokamak sont des atomes de deutérium et de tritium, des
isotopes de l'atome d'hydrogène. Le deuterium se
trouve dans les océans : on en trouve quelques grammes par mètre cube d'eau. Le
tritium, lui, n'est pas présent dans la nature, et requiert donc d'être
produit. Pour cela, on envoie des neutrons contre du lithium, contenu au cœur
du réacteur, ce qui produit du tritium, qui est réinjecté dans le plasma, où il
réagit avec le deuterium pour former de l'hélium, des
neutrons (qui serviront à la production du tritium), et de l'énergie.
L'avantage de la fusion est que ce phénomène est contrôlable,
là où la fission provoque une réaction en chaîne et est donc plus complexe à
maîtriser. De plus, les réacteurs à fusion ne produisent pas de gaz à effet de
serre, ni de déchets radioactifs.
Le tokamak Iter réalisera de meilleures performances que ceux
actuels : comme nous l'avons dit précédemment, Tore Supra a maintenu un plasma
pendant 6 minutes, mais sa production d'énergie était bien inférieure à sa
consommation; le réacteur JET, lui, a réussi à produire autant qu'il consomme
pendant 10 secondes. Le réacteur Iter, grâce à sa puissance et ses dimensions
plus importantes, aura une production d'énergie 10 fois supérieure à sa
consommation, et ce pendant 1000 secondes. Le premier plasma de
Iter devrait être lancé aux alentours de 2023.
Cette conférence nous a également montré les méthodes de
transport hors du commun qui ont été mises en place pour amener les pièces du
réacteur, arrivant de l'étranger au port de Fos-sur-Mer, au chantier de Iter, 100 km plus loin. En effet, les pièces, pesant
plusieurs centaines de tonnes, ont nécessité des nouveaux moyens de transport
et une réorganisation temporaire de la route.
Les chargements les plus
volumineux et les plus lourds arrivent au port de Fos-sur-Mer. De là, ils
traversent l'étang de Berre pour atteindre le port de La Pointe, où un quai a
été spécialement aménagé pour les recevoir. Les
chargements sont ensuite acheminés par convois exceptionnels. Le convoyeur de
320 roues, de 46 mètres de long, 9 mètres de large et qui pèse 800 tonnes
roulant à 5 km/h de nuit emprunte l'itinéraire ITER jusqu'à St-Paul-lez-Durance
et est ensuite démonté (car dans l’impossibilité de faire demi-tour), puis reconstruit
au port. Cela pendant 5 ans (environs 230 convois)
Entre 2008 et 2011, la France a réalisé des grands travaux
pour aménager les 104 kilomètres de l'itinéraire ITER, élargissant les routes, renforçant
les ponts et modifiant les carrefours afin de les adapter à la masse et à
l'encombrement exceptionnel des éléments du tokamak. Le coût de ces travaux s’élève
à 110 millions d'euros. Les 33
plus imposants concernent :
ü
9 éléments en acier inox de 544 tonnes constituant la
chambre à vide
ü
(8,50 m de large, 14,10 m de long et 7,45 m de haut) ;
ü
19 bobines supraconductrices en acier inox pesant chacune
530 tonnes
ü
(8,50 m de large, 17,30 m de long et 9,10 m de haut) ;
ü
1 bobine supraconductrice toroïdale en acier inox pesant 306
tonnes
ü
(8,50 m de large, 10 m de long et 8,40 m de haut) ;
ü
4 poutres de pont roulant de 190 tonnes en acier (4,50 m de
large,
ü
environ 47 m de long et 2 m de haut).
Ainsi, nous avons pu découvrir l'organisation et les moyens
techniques nécessaires à un projet de haute technologie de grande envergure tel
que le réacteur Iter.
Nous avons également pu voir, exceptionnellement, le
chantier du terrain qui accueillera le réacteur Iter, fermé au public.
La visite du centre de recherche et développement de
Cadarache a été une expérience très intéressante, puisqu'elle nous a plongé au
cœur même de la recherche nucléaire : les plus hautes technologies et les
prototypes les plus avancés en termes de réacteurs nucléaires nous ont été
présentés, et nous avons pu voir les sites de construction de ces réacteurs, ce
qui est une chance rare puisque la plupart de ces chantiers ne sont pas ouverts
pour le public, et le site même de Cadarache n'est pas accessible à tout le
monde.
Le
repas à l’espace « club » de Cadarache
A
17h nous avons repris la route en direction de l’Observatoire de Haute Provence
qui se trouve à St Michel de Provence pour y dîner et y passer la nuit.
L’observatoire
avait eu la gentillesse de nous loger à
la maison Jean Perrin, l’Hôtel des chercheurs, pendant la durée de notre
séjour.
31 mars 2015
Masterclasse- Université de Luminy
Nous avons commencé cette seconde journée par un trajet en car de
l'Observatoire de Haute Provence vers le site de Luminy
de l'Université de Marseille pour participer à une Master classe sur la
physique des particules au centre physique des particules de Marseille. Nous
avons été accueillis par un chercheur du centre. M. Coadou
nous a tout d'abord annoncé le programme de notre journée et nous présenté le
centre.
Nous avons donc appris que le CPPM/IN2P3 regroupe 160 personnes
« permanentes », le centre est une unité mixte partenaire avec le
CNRS pour des recherches fondamentales en physique des particules,
Astrophysique et Cosmologie
observationnelle. Mais également pour des recherches expérimentales reposant
sur des projets internationaux visant notamment à développer les détecteurs. Le
centre fonctionne autours de nombreux métiers comme chercheurs, ingénieurs,
techniciens, enseignants-chercheurs..
Nous avons ensuite assisté à une
conférence sur la Physique des particules :
l'étude des particules élémentaires de la matière et leurs
interactions. Ces particules étaient déjà présentes dans l'Univers Primordial
mais certaines ont disparu dans l'univers « froid » actuellement
observable. A la fin du XIXème siècle la physique se basait sur la mécanique
Newtonienne et Analytique. Mais le début du XXème siècle laisse place à des
révolutions conceptuelles : d'un côté la relativité restreinte et la
notion d'espace-temps plaçant la vitesse de la lumière comme limite, les
longueurs contractées, le temps dilaté et l'équivalence entre la masse et
l'énergie (E=mc²). De l'autre la mécanique quantique, qui repose sur la dualité
onde-corpuscule à l'échelle microscopique mais qui n'a pas d'équivalence dans le
monde macroscopique. A travers des expériences comme celle des fentes d'Young,
des projectiles quantiques (photons ou e-), les scientifiques ont observé a la fois des impacts individuels
et des franges d'interférences (à la fois signe de la présence d'un corps et
d'une onde). Ce qui montre que le projectile passe par les deux fentes et
interfère avec lui-même. M.Coadou nous a ensuite
expliqué que malgré les réticences et les aspects non intuitifs de cette
nouvelle physique, toutes les expériences confirment les prédictions de la
mécanique quantique.
La conférence s'est ensuite orientée
vers la composition de notre univers visible. Un prolongement de notre premier
chapitre de l'année en physique nous a rappelé l’existence des quarks up et
down, les neutrinos, les positrons… et donc l'existence de l'anti-matière comme les positrons sont des anti-électrons avec les mêmes propriétés mais des charges
opposées. On nous a ensuite appris que les Interactions fondamentales sont un
échange d'une troisième particule (boson ou fermion) entre deux particules de
matière. Le modèle standard est composé de diverses particules théoriquement
sans masse, ce qui contredit les expériences et est expliqué par la présence d'un champ de Higgs, nul après le Big-bang et mis en évidence par une
« brisure spontanée de symétrie électrofaible » qui a fait acquérir
leur masse aux particules. Ce qui nous a évidemment mené à la dernière
découverte dans le domaine des particules : le Boson de Higgs ( le 4 Juillet 2012) dans le
collisionneur de protons du LHC au CERN, 48 ans après les prédictions
théoriques de son existence. C'est cette particule qui serait alors l'origine
de la masse des autres particules et de la sienne.
-
Simulation de la collision à l'origine
de la détection du boson de Higgs.
Le modèle standard ne représente que 5 %
de notre univers alors que la matière noire en représente 27 % et
68 % d'énergie noire. On ne connaît encore rien de ces dernières mais
l’expansion accélérée de l'univers implique
l'existence d'une certaine forme d'énergie. C'est peut- être là le lien entre
l'infiniment grand et l'infiniment petit ou encore le lien entre le boson de Higgs et l'inflation de l'univers.
M. Coadou a
ensuite développé sa conférence sur les accélérateurs et les détecteurs de
particules. En nous expliquant tout d'abord l'intérêt d'accélérer les
particules. Cela permet donc de mieux voir les petits objets mais également
d'obtenir des particules plus lourdes (car E=mc²). Quelques accélérateurs récents
comme le LEP au CERN, le Tevatron à Chicago ou
évidemment le LHC au CERN. Ce dernier est un collisionneur circulaire de 27 km
de circonférence et à 100 mètres sous terre construit des années 1998 à 2008,
faisant circuler deux protons en sens inverse dans un tunnel. Ces protons
atteignent les 11000 tours par seconde à une vitesse approchant à
99,999… % celle de la vitesse de la lumière. Cet accélérateur de
particules est un géant congélateur approchant le zéro absolu afin de rendre
les câbles supraconducteurs et générer des champs magnétiques énormes, de
l'ordre de 8,3 tesla. Il s'agit d'un vide presque
parfait à une pression dix fois moins importante que sur la lune. Chaque proton
possède alors l'énergie d'un moustique au vol mais cela représente l'énergie de
2800 paquets de cent milliards de moustiques !
Le CERN est une Organisation Européenne
pour la recherche Nucléaire fondée en 1954, elle regroupe 500 instituts dans 80
pays et 21 états en sont membres. Son Objectif fondamental est de comprendre
l'univers pour appliquer les nouvelles découvertes aux nouveaux succès
électroniques comme la performance des GPS ou encore de l'imagerie médicale. Le
Web est d'ailleurs une invention du CERN pour permettre aux scientifiques de
communiquer.
Nous avons ensuite profité d'une pause avant
d'assister à la deuxième partie de la conférence plus axée sur la détection des
particules lors d'une collision protons/protons. Un second chercheur a alors
pris la parole pour nous expliquer que ces collisions se font entre les
différents constituants (quarks, gluons,..). Le principe d'un détecteur est de
mesurer les charges et les impulsions dans particules chargées dans le champ
magnétique. La mesure de l'énergie se fait dans la Calorimètre
électromagnétique. Nous avons pu distinguer les différentes parties qui
composent un détecteur grâce à une simulation de sa construction. Le chercheur
nous a ensuite expliqué comment sont exploitées les données acquises par le
détecteur afin de nous préparer à l'activité que nous avons effectuée après le
déjeuner au restaurant Universitaire.
En début d'après-midi nous nous sommes
donc rendu dans un autre bâtiment afin de préparer la
visioconférence qui allait se dérouler à la fin de la journée.
Nous avons alors pu simuler l’analyse de 50
signaux détectés. Lors de la conférence nous avions appris que les particules
neutres ne laissent pas de traces contrairement aux particules chargées.
Le LHC se compose de 4 détecteurs :
- ATLAS (détecteur polyvalent capable
d'observer 20 collisions simultanément et
40
milliards de collisions par seconde).
- CMS
(Le Solénoïde compact pour muon autre
détecteur polyvalent
).
-Lhcb (Large Hadron Collider beauty)
explore les légères différences qui existent
entre
matière et antimatière grâce à l’étude d’un
type de
particule appelé « quark beauté » ou « quark b
».
-ALICE(A Large Ion Collider Experiment)
est un
détecteur d’ions lourds conçu pour étudier
les propriétés
physiques de la matière soumise à l’interaction forte, à des densités d’énergie
extrêmes auxquelles une phase de la matière appelée plasma
quarks-gluons se forme.
A partir d'un logiciel de simulation
nous avons vu
comment interpréter les signaux reçus afin
de connaître la nature de la particule détectée.
Nous avons ensuite mis nos résultats en
commun pour pouvoir les comparer avec les autres groupes participant également à la Master class dans
d'autres villes comme Paris ou Londres. La Visioconférence s'est déroulée en
Anglais et nous avons pu partager nos observations avec deux chercheurs de
CERN. A 18h , après
avoir obtenu encore quelques réponses des chercheurs présents, qui nous ont
fait part de leur passion pour leur métier et tout ce que cela leur apporte,
nous avons pu les remercier de leur accueil et sommes repartis vers
L'Observatoire de Haute Provence pour une soirée d'Observations.
Soirée d’observation des étoiles :
Arrivés au centre d’astronomie de Saint-Michel l’Observatoire,
nous avons été accueillis par deux encadrants qui nous accompagnés tout au long
de la soirée. Ils nous ont tout d’abord aidés à manipuler les 7 télescopes de
type Dobson (T200) mis à notre disposition.
Nous utilisons de la lumière rouge
lors de l’installation, pour ne pas polluer la vision que nous avons des
étoiles avec des lumières parasites.
Grâce
à l’équipement prêté, nous avons pu observer la Lune et ses cratères, pris en
photo, Jupiter et ses satellites, ou encore de nombreuses étoiles… En effet,
l’utilisation simple et rapide de ces télescopes nous offre une infinité de possibilités permettant de fixer une étoile
grâce à un jeu de manipulations, ainsi que de suivre celle-ci lors de la
rotation de la terre.
Ensuite nous avons observé le ciel à
l’aide de deux autres équipements, des jumelles et un télescope T600 recouvert
d’une coupole dont le système est informatisé. Grâce à ce dernier, nous avons
pu observer la Lune, Jupiter ou encore la Nébuleuse d’Orient avec beaucoup plus
de précision.
Malgré le vent, cette nuit d’observation nous a permis de
profiter d’un moment d’émerveillement pendant lequel le ciel et les étoiles
nous ont offert un spectacle grandiose.
1er avril 2015
OHP
Le Grand télescope
Après avoir profité d’une mini nuit de sommeil et d’un
bon petit déjeuner,à l’hôtel
de l’OHP nous nous sommes dirigés vers
le Grand Télescope de l’Observatoire de Saint Michel qui avant la construction du télescope
au Chili était le plus grand.( aujourd’hui il y a des projets de télescope bien
plus grands : 30 m avec une
mosaïque de miroirs)
L’observatoire fut créé en 1932 et achevé en 1945. Son
emplacement a été sélectionné en raison de la pureté de l’atmosphère. Ainsi, le
nombre de nuits disponibles pour l’observation est très important.
Nous y avons fait la connaissance de Mr Sivan, aujourd’hui
à la retraite, ( Quel
bonheur pour nous de rencontrer ce chercheur dont nous avions beaucoup entendu
parler par les anciens élèves qui
avaient eu la chance de pouvoir assister à ses conférences ou qui comme nous
avaient pu le rencontrer l’an passé à l’OHP –il a fait 14 conférences dans notre établissement….) qui
était directeur de l’observatoire lorsque la première éxoplanète
y fut découverte. ( ),. Il avait fait le
déplacement spécialement pour nous accompagner dans notre visite et nous
transmettre…sa passion. Il nous a accompagné toute la matinée, nous expliquant
les rudiments de la spectrométrie, le fonctionnement du grand télescope .. : nous avons même pu assister à une démonstration du fonctionnement de la coupole, M.Sivan nous a montré
l'ancienne lentille qui récemment a été changé afin d’obtenir de plus grandes
performances, ainsi que les prouesses accomplies par le Grand
Télescope. Ce télescope fut le 1er au monde à avoir observé une exoplanète en 1995. En effet, deux astronomes suisses :
Didier Queloz et Michel Mayor ont découvert la
planète 51 b Pégase à l’observatoire de Haute-Provence.
Anecdote amusante : Des chercheurs
américains avaient eux-aussi découvert cette planète au même moment, mais le
télescope Français les a pris de vitesse grâce leur spectrographe, très évolué
pour l’époque : Elodie.
Elodie n’étant
plus en service, nous avons eu la chance d’assister à une présentation
détaillée du très célèbre spectrographe .Le nouveau spectrographe-Sophie- n’est
pas visitable pour des raisons évidentes de fonctionnement (le spectrographe ne
peut être perturbé par la variation de température ou de la poussière ou tout autre particule anodine pour
nous mais néfastes pour l’appareil).
Depuis, des centaines d’exoplanètes ont été découvertes.
Le fonctionnement du télescope est
très complexe, il nécessite une maintenance très importante. L’entretien du
miroir- que nous avons pu suivre sur une vidéo- (c'est-à-dire l’aluminure), est
une étape extrêmement délicate, notamment à cause de la superficie du
miroir : 195 cm. Elle prend au moins trois jours !
Les chercheurs de l’observatoire
travaillent à de multiples tâches, comme par exemple :
ü l’étude de la
formation de l’univers
ü la recherche des
planètes pouvant abriter la vie
ü la mesure des
variations de vitesse des étoiles, influencées par les exoplanètes,
qui permet de trahir la présence de planètes extrasolaires
ü l’étude de la
couche d’ozone.
Visite de la station de géophysique
Nous avons également, cette matinée la, visité la station
géophysique Gérard Mégie (qui fut président du CNRS a initié le réseau
stratosphérique Exhange) se situant sur le site.
Tout d’abord il faut définir en quoi consiste la
géophysique. Il s’agit de l’ensemble de disciplines (géothermie, magnétisme,
séismologie, sismique, volcanisme, etc.) qui ont pour objectif de préciser la
structure, les propriétés et le comportement dynamique de la terre. En 1991, un
réseau international , intitulé « le Network for
détection of stratosphéric change », se crée à
partir de plusieurs stations semblables à celle de l’OHP qui est initié entre
la France et l’Italie. Il a pour but de quantifier la diminution de l’Ozone
afin de remonter aux causes de celle-ci. En effet, les chercheurs analysent les
changements de composition chimique au niveau de l’atmosphère car la diminution
d'ozone et l'augmentation des gaz à effet de serre devraient conduire à un
refroidissement de la stratosphère. Pour comprendre ces processus, ils vont
réaliser une série de mesures des profils verticaux d'ozone, d'aérosols
stratosphériques, de température et de vent à partir de deux méthodes : par
sondages lidar soit par ballon.
La première méthode consiste à émettre de nuit un
faisceau laser pulsé. Les LIDAR sont des lasers(radars
à impulsions optiques ), permettant grâce à leurs faisceaux lumineux de pouvoir
relever la composition atmosphérique. Il existe deux sortes de LIDAR : les
impulsionnels et les LIDAR a spectre d'émission.
De la même manière que pour un radar, la lumière diffusée
par les molécules et les particules est collectée avec des télescopes. Elle
sera ensuite analysée et en fonction de la couleur de cette lumière, on
obtiendra ainsi une information sur la composition de l’atmosphère.
Quant à la seconde, il s’agit de placer une sonde sous un
ballon qui traverse les couches de l'atmosphère jusqu'à une altitude d'environ
30 km qui transmet, en temps réel, les
informations
collectées jusqu'au sol par onde radio. Les ballons sonde servent de façon régulière
(tous les mercredis) à relever la composition atmosphérique et en particulier
mesurer l’épaisseur de la couche d’Ozone qui diminue régulièrement. Mais
aujourd’hui encore les causes de cette diminution d’Ozone à moyenne altitude
restent inconnues pour les chercheurs
Bien que, les conditions météorologiques ne nous aient
pas permis d'assister à un lâcher de
ballon, nous avons quand même pu avoir la possibilité d'accéder à des
explications sur les différentes formes d'études que l'on peut mener dans cette
station. Tout d'abord, un cours sur les ballons sondés leur création leurs
fonctions, ensuite un cours sur les lasers utilisés les LIDAR.
Nous avons aussi pu suivre les prparatifs
d’un lancer de ballon
Après avoir quitté les membres de la station nous nous
sommes retrouvés pour déjeuner, c’est après ce repas que Jean Pierre SIVAN nous
quittera ( à notre grand regret tellement sa passion
est communicative et tant il avait encore de connaissances à partager avec
nous)
Conférence de Denis Gillet
Dans l’après-midi nous nous sommes dirigés vers la salle
de conférence de l’OHP. Un conférencier nous attendait afin de nous présenter l’ultime
conférence de notre voyage : la spectroscopie. Cette conférence fut très
intéressante car elle approfondissait un thème que l’on a côtoyé tout au long
de notre cursus au lycée. En effet la spectroscopie est abordée dans les
programmes de toutes les classes. Et avoir un approfondissement sur ce thème-là,
qui plus est à quelques mois du bac est un véritable atout pour notre avenir.
Nous avons terminé cette visite avec deux vidéos :
la première nous présentant l4OHP, la seconde les secrets de l’enluminure.
Remerciements
Merci
à toutes les personnes qui ont contribuées à la réussite de ce voyage et en
particulier:
Ø le CNRS de Provence
Ø le CPPM/IN2P3 de Marseille
Ø L’OHP et son
directeur M. Auguste Van Le SUU, ainsi que Nathalie Desmons
et Mme Galliano
Ø La DRRT
Ø Jean-Pierre Sivan
Ø Yann Coadou , les chercheurs du
CPPM et Magali Damoiseaux
Ø Denis Gillet
Ø Tous les ingénieurs et chercheurs de la
station géophysique de l’OHP
Ø Les techniciens du
grand télescope
Ø Le centre
d’Astronomie de St Michel de Provence
Ø Tous les guides qui nous ont accompagnés lors
des visites de Cadarache et ITER
Et
un grand merci à la Collectivité
Territoriale de Corse pour l’avoir en grande partie
financé.
Merci
à M. Jean-Pierre Casanova , Proviseur du Lycée
Laetitia Bonaparte
Sans
oublier nos professeurs… »
Le 9 avril nous attendions Stéphane Fredon du CNES mais la greve des contrôleurs aériens en a décidé autrement. Arrêt brutal dans
notre conquête de l’espace.
Le 16 avril Jean-Michel Besnier est au Lycée pour nous mettre en garde
contre les dérives de la haute technologie
2 conférences au programme :l’une pour les
élèves de terminale L2 et les seconde 13, l’autre à destination du « tout
public »
Ø
En
1965, l’alerte était déjà donnée : « L’organisation du travail a introduit une
sorte de chasse à l’homme dans l’usine. Le corps humain est le seul point
faible d’un ensemble mécanique. Ce n’est qu’au moment où le dernier homme aura
été chassé de l’usine que l’on pourra envisager le perfectionnement harmonieux
et sans limites de l’ensemble des machines » (Aurel David, La Cybernétique et
l’humain, éd. Gallimard). Dix ans auparavant, un philosophe que l’on redécouvre
aujourd’hui, Günther Anders, avait diagnostiqué chez ses contemporains une drôle de pathologie : « la honte prométhéenne ». En
d’autres termes : la prise de conscience accablée que nous ne sommes pas à la
hauteur des machines que nous avons produites. De là à ce que nous cherchions
selon lui à nous soigner… en imitant ces machines ou en nous conformant à leurs
exigences tyranniques, il n’y aurait rien eu d’étonnant. De fait, il est aisé
de constater combien les Modernes que nous pensons être, habités naturellement
du désir d’autonomie, excellent à s’enchaîner aux automates de tous poils
et à réclamer les robots qui les
délivreront du souci de décider. Le constat est banal. La réalité n’en est pas
moins toujours surprenante : avez-vous besoin de solliciter quelque service ?, il
vous faudra vous plier aux commandes de programmes destinés à reconnaître la
forme de votre visage (ne souriez pas sur la photo, cela déroute la machine) ou
à identifier votre voix et vos empreintes (surtout ménagez votre mécanique
corporelle afin qu’elle livre les signes attendus). Que de masochisme chez
l’utilisateur du téléphone contraint à appuyer sur les touches qu’on lui dicte,
à entrer dans les cases ou à utiliser les mot-clés
prédéterminés par on ne sait quel ingénieur réfractaire aux adjectifs, à
l’humour et aux figures de rhétorique !
On croit que l’automate
imite l’humain. Mais l’homme a bel et bien toujours commencé par se laisser
décrire comme un automate, ainsi que le rappelait Canguilhem à Descartes.
Résultat : aujourd’hui, nous nous demandons où loger ce qui nous reste d’humanité.
On aurait aimé que ce fût dans le langage. Las, chaque jour nous invite un peu
plus à le débarrasser de ce qui complique les procédures de numérisation ou
résiste aux catégories fonctionnelles des technologies de communication : c’est
ainsi que les anglais vont bientôt perdre l’apostrophe de leur langue et que
nous avons renoncé depuis longtemps aux marivaudages que permettaient la
syntaxe et le lexique du français. Heidegger annonçait le triomphe de la langue
technique et la défaite des langages de tradition. A sa suite, Heinz Wismann décrit aujourd’hui la prise de pouvoir des langues
dites de service, à vocation exclusivement instrumentale, sur les langues de
culture, de plus en plus inaudibles.
Il n’est désormais de
symbole que mathématique, c’est-à-dire numérisable et
implémentable sur des machines. Le temps est révolu
où l’on pouvait encore mettre en regard le travail et la parole comme les deux
ingrédients de toute vie humaine – le premier assurant les impératifs de la
subsistance, la seconde honorant les exigences de la liberté. Triomphe de
l’unidimensionnel, comme disait Marcuse : en pénétrant votre quotidien en vertu
de cette efficacité avec laquelle vous ne sauriez plus rivaliser, les machines
ont assuré à la logique du travail sa pleine hégémonie. Qu’il soit dit en
passant combien la politique, qui entend administrer les hommes comme
l’économie le fait des choses, y trouve son compte. Reste qu’on s’habitue
dangereusement à réduire le langage à un système de signaux chargés de
déclencher des réactions capables d’être déchiffrés par des automates qui
interagiront de plus en plus sans nous.
Serait-ce que la chasse
à l’humain est sur le point de sonner l’hallali ?
Ø
On
a beau savoir que le monde est devenu complexe et justifier ainsi les
incertitudes qu’il produit, les efforts pour simplifier l’existence ne manquent pas. Faut-il toujours s’en
réjouir ? La simplification des formulaires administratifs, des procédures
de divorce ou celle des démarches exigées par le deuil de nos proches ne peut
qu’être bien accueillie. Mais on prétend aussi simplifier nos communications
téléphoniques, grâce à ces automates vocaux qui n’attendent de nous qu’un
mot-clé pour toute conversation, après nous avoir ordonné d’appuyer sur la
touche étoile. On veut aussi faciliter notre identification, en nous soumettant
à quelque scanner capable de reconnaître la photo de nos passeports, à
condition que nous en ayons supprimé le sourire. L’impression s’est désormais
imposée d’être l’otage de techniques obsédées par l’idée de nous réduire à
l’élémentaire et de nous plier à leurs formats. Nul n’est épargné : les
messages de nos politiques se couleront de plus en plus dans l’espace des 140
caractères que leur offre Twitter, rendant ainsi les discours aussi superflus
que les formules de politesse sur SMS. Dans l’offensive, les scientifiques ne
sont pas en reste : depuis longtemps, des psycho-sociologues s’attachent à
montrer que nous ne sommes que des boites noires tout justes capables d’émettre
et de recevoir des signaux. Certains biologistes entendent nous persuader que
nos organismes ne servent qu’à véhiculer et à optimiser des gènes dont la
transmission à d’autres organismes est la seule finalité. Et puis, quelques
spécialistes du cerveau apportent leur contribution à la désillusion
généralisée : amoureux, nous sécrétons seulement de l’ocytocine ; en
colère, de l’adrénaline ; motivés, de la dopamine ; déprimés, de la
sérotonine… Pour les neurones du cerveau planétaire que nous sommes, grâce au
cyberespace, la dose est indifférente. L’éditorialiste Thomas Friedman voulait
expliquer « comment le monde est devenu plat ». Puissions-nous
organiser la résistance et réclamer le retour en nous de la profondeur et de la
subtilité !
Le 23 avril, avant des vacances bien méritées 4 élèves de terminale SI
ont participé au concours « faites de la science » et se sont classés
seconds.
Le projet : améliorer la détection des
rayons cosmiques en motorisant la roue cosmique
Grâce au CSTI/CPIE centre Corse,
le 11 mai , un bonus a clôturé l’année scolaire
2014-2015, une conférence de Martin Giurfa sur
« l’intelligence des abeilles à destination des élèves de terminale L et
de seconde