Là où les anciens ne connaissaient que la culture, quelle que soit la forme particulière qu’elle pouvait prendre, aujourd’hui on oppose souvent culture philosophique et scientifique. La classe à PAC « astronomie et philosophie : THALES » du Lycée Laetitia Bonaparte poursuit un objectif les réconcilier à travers l’astronomie .Aucun être humain, même ,le plus fermé aux sciences, ne peut résister au spectacle que lui offre le ciel.
Grâce à l’étude de l’astronomie ,chronologiquement la première des sciences, l’homme va tenter de répondre à la question du sens de la vie et de sa place dans l’univers.

C’est dans cette optique que Pierre Léna a donné cette conférence le 3 octobre 2005 au Palais des congrès d’Ajaccio devant 400 élèves de terminales littéraires et scientifiques. Il nous invite à faire , avec lui, une promenade. Aux détours du chemin nous rencontrerons Anaxagore, Archimède, Socrate, Bernard de Chartres, Descartes, Newton, Einstein…et nous pourrons contempler de magnifiques images.

Les origines de la science sont à rechercher dans notre « belle méditerranée », et Pierre Léna va nous expliquer ce qui a conduit les premiers philosophes à la constituer, les difficultés qu’ils ont rencontrées et enfin à quoi elle sert.
Pour ouvrir son exposé, notre conférencier prend l’exemple d’Anaxagore, philosophe astronome, dont le nom est resté dans l’histoire parce qu’il fut condamné il y a 25 siècles par la justice athénienne au motif qu’au lieu de s’occuper des affaires de la Cité il passait son temps à contempler les astres et à essayer de comprendre le monde.
Dans un premier temps c’est l’inquiétude des hommes face aux phénomènes de la nature qu’ils ne comprennent pas qui les poussent à s’interroger. Ainsi une éclipse peut-elle engendrer de terribles craintes : et si la lumière ne revenait pas ? Les premières explications sont irrationnelles, naissent alors les mythes : « la lune est un dragon qui mange le soleil »
L’homme naturellement curieux s’étonne de toute chose : « l’arc-en-ciel, la couleur des couchers de soleil, …la naissance d’un enfant » et c’est cet étonnement qui va engendrer la science

Il faut comprendre en faisant usage de sa raison « elle est capable progressivement de décoder ce que la nature nous propose » et non en se laissant guider par son imagination.. Mais encore faut-il savoir en faire bon usage, non pas l’utiliser comme le font les sophistes dans le seul but de l’emporter dans la discussion, de persuader son adversaire- la rhétorique n’est pas nécessairement pourvoyeuse de vérité- mais dans le but de démontrer, d’argumenter pour convaincre
« Ce n’est jamais celui qui fait le discours le plus brillant, ce n’est jamais celui pour lequel vote la majorité qui a raison, c’est celui auquel les phénomènes de la nature donnent raison ».
Les astronomes vont donc commencer par observer bien sur avec des intentions astrologiques -prédire l’avenir- mais ils vont tout noter et il sera donc possible d’observer des régularités et d’en tirer des conséquences. Mais c’est là le second moment de la constitution de la science. Avant de pouvoir noter ces régularités, différencier les phénomènes les uns des autres encore faut-il pouvoir les nommer.
Le constat des régularités va permettre de prévoir quand se produiront les éclipses et où. Grâce à l’essor de la technologie il sera possible de se déplacer pour les observer ( exemple de l’éclipse de 1973 : observée à partir du Concorde) .
Mais ne vaudrait-il pas mieux s’occuper des affaires de la Cité comme le prétendaient les accusateurs d’Anaxagore que de consacrer son temps à essayer de comprendre la nature ?
A quoi sert la science ?

« Pour peut-être, certains d’entre vous, la réponse est : à rien. Pour …à rêver... A rêver devant ces découvertes que …. La science moderne nous propose à la télévision. …Pour d’autres encore, c’est … à réaliser des objets techniques. …Donc la science c’est intéressant parce que c’est utile. » Elle est quête d’intelligibilité et d’efficacité
Rêver, admirer ces phénomènes que notre petit cerveau - seul outil à notre disposition- nous permet de comprendre et de prévoir ce qui nous donnera pouvoir sur ce monde. Archimède disait : « donnez-moi un levier et je soulèverai le monde »
La science doit donc dans un premier temps construire une représentation du monde, datée, produite par une culture, à travers le langage. Ces représentations sont donc vouées à évoluer. Elles sont provisoires et marquées par nos sentiments, nos opinions

Dans un premier temps il s’agit donc d’étancher notre soif de savoir, de satisfaire notre insatiable curiosité ainsi pierre Léna nous rappelle cette phrase prononcée par Einstein « « je n’ai pas de devoir d’obligation plus importante que d’être passionnément curieux ».
Mais la science s’appuie sur une raison dont il faut faire bon usage . Elle requiert donc une méthode « Peut-être celui qui a le mieux formulé dans l’époque moderne cette méthode c’est René Descartes au XVIIème siècle et au fond Descartes adopte comme méthode l’installation du doute » non pas sceptique mais méthodique -ce dont nous ne pouvons être certain, au sens de la démonstration rationnelle ne peut être vrai -.
Mais le vrai ne saute pas toujours aux yeux. Il faut interroger la nature et c’est cet art ce sens du problème qui caractérise l’esprit scientifique . Mais pouvons nous douter de tout ?
Nous avons besoin de l’apport des anciens pour progresser, apport auquel nous ajouterons le notre . Comme le disait Bernard de Chartres : « nous sommes des nains mais nous voyons infiniment loin parce que nous sommes montés sur des épaules de géants. »
Nous en avons un parfait exemple avec la construction de l ‘échelle des distances en astronomie.
La science c’est une aventure humaine , c’est l’aventure de la raison et chacun d’entre nous, à défaut de devenir un professionnel de la science, « peut venir butiner dans ses résultats pour apprécier, qui la raison, qui la beauté, qui l’intelligence qui les formes… de la science »
La science débouche sur des applications , sur la technologie , elle nous donne pouvoir sur le monde mais celui-ci peut devenir prométhéen. La science ne dit pas ce qui est bien ou mal. C’est à nous d’en décider et pour cela « on doit savoir »
« la science nous introduit de ces domaines merveilleux de la connaissance dans un autre domaine qui est celui de l’éthique. Qu’est ce qu’il est juste et injuste de faire. « Qu’est ce qu’il est bon et qu’est ce qu’il est mauvais de faire……….. derrière l’aventure, il y a aussi les grandes interrogations et les grandes responsabilités qui sont demain et aujourd’hui les nôtres. »